Finalement, les classes prépas auraient-elles toujours la cote ?

Prépas Scientifiques

Les Classes Préparatoires aux Grandes Écoles (CPGE), hier encore la voie royale pour l’accès aux grandes écoles, connaissent depuis quelques années une baisse notable de leur attractivité. Au point que l’on commençait à parler d’un déclin irrémédiable de cette filière d’excellence. Dans ce contexte, les chiffres des candidatures et des admissions via Parcoursup pour l’année 2023-2024 constituent une petite surprise, puisqu’ils sont plutôt à la hausse.

Les prépas aux grandes écoles, comment ça marche ?

Les Classes Préparatoires aux Grandes Écoles constituent un cursus de deux ans qui prépare les étudiants aux concours d’entrée des grandes écoles, principalement dans les écoles d’ingénieur, de commerce ainsi que dans le domaine des études littéraires. Ces formations sont connues pour leur exigence et leur haut niveau d’apprentissages. Elles sont proposées dans près de 250 lycées, la plupart étant publics. Les conditions d’accès sont assez difficiles et les recrutements s’effectuent sur la plateforme Parcoursup. Il faut présenter un très bon dossier scolaire, en particulier dans les matières correspondant à la filière demandée.

Les qualités requises des élèves de classes préparatoires sont elles aussi exigeantes :

  • Une grande capacité de travail personnel.
  • Un goût de l’effort sur le long terme.
  • De bonnes connaissances générales en dehors de leurs matières de prédilection.
  • Un bon sens de l’organisation.
  • Une gestion du stress permettant de gérer son travail ainsi qu’une certaine ambiance de compétition.

Les classes préparatoires sont-elles un bon choix dans un cursus étudiant ?

Il existe aujourd’hui de nombreuses filières d’études supérieures en prépa scientifique. De plus, les CPGE offrent plusieurs avantages significatifs :

  • Des formations d’excellence gratuites. La plupart des lycées proposant des prépas étant publics, l’élève admis a la promesse de bénéficier d’une formation de haut niveau sans frais de scolarité.
  • Un cadre protecteur et encadré. Choisir cette voie signifie aussi opter pour un environnement structuré, avec une grande présence des professeurs et du personnel d’éducation. À la différence de l’université où l’étudiant est livré à lui-même, cela peut être particulièrement rassurant et bénéfique pour certains profils.
  • Profiter de deux années supplémentaires pour définitivement choisir son orientation. La Terminale ne signifie plus le terminus avant le décollage dans une école ou une filière précise. En optant pour une CPGE sur Parcoursup, les élèves de Terminale se réservent deux années supplémentaires avant de choisir réellement une spécialisation.
  • Répondre aux enjeux futurs de la société. La France et le monde en général font face à des défis majeurs comme la transition climatique, la ré-industrialisation du pays ou le développement de compétences numériques. Les CPGE préparent les meilleurs étudiants à aborder ces questions complexes.

La baisse tendancielle des recrutements est constatée depuis 2020

Entre le début des années 2000 et la rentrée 2018-2019, le nombre total d’étudiants en CPGE a augmenté de 16,4 %, augmentation régulière sur cette vingtaine d’années. Mais depuis, entre les rentrées 2019 et 2023, la fréquentation a continuellement baissé. Sur cette période de 4 ans, les CPGE ont perdu près de 5 % d’étudiants : 5 % dans les filières scientifiques, 6 % en économie et moins de 2 % en littérature. En 2022-2023, on comptait ainsi un ensemble total de 81 164 élèves.

De plus, on a pu constater que le taux de femmes, déjà sous-représentées en CPGE, avec en moyenne 42 %, mais bien moins dans les filières scientifiques, avait baissé significativement entre 2019-2020 et 2022-2023. Cela s’ajoute à d’autres constats préoccupants. Certaines régions et zones géographiques, notamment celles moins dotées en grandes écoles ou établissements de prestige, enregistrent des baisses plus marquées, affectant ainsi la diversité et la mixité sociale au sein de ces filières. Cela coïncide avec la faiblesse structurelle de la mixité sociale dans ces classes, vues comme la formation des élites.

Plusieurs raisons ont été avancées pour expliquer cette baisse

La réforme du Baccalauréat, introduite en France en 2020, a profondément modifié le paysage de l’enseignement secondaire, avec un impact direct sur les orientations post-Bac. En remplaçant les séries traditionnelles (S, ES, L) par des enseignements de spécialité, cette réforme visait à offrir une plus grande personnalisation des parcours scolaires ainsi qu’une nouvelle approche de l’orientation elle-même. La disparition de troncs communs et la nécessité de choisir des spécialités dès la Première a bouleversé les habitudes, en particulier en ce qui concerne les mathématiques. Deux effets ont été constatés : cette spécialité a été beaucoup moins choisie par les filles, ce qui de facto rendait difficile, voire impossible, de postuler à des CPGE scientifiques ou économiques. D’autre part, l’obligation de choisir les spécialités a conduit, dans les premières années de la réforme, à des erreurs chez un certain nombre d’élèves. D’où peut-être une partie de la baisse des effectifs de CPGE.

Les classes préparatoires ne sont plus aujourd’hui l’unique chemin vers les grandes écoles. L’émergence d’écoles post-Bac, offrant des admissions sur concours ou sur dossier dès la sortie du lycée, représente une alternative séduisante pour de nombreux élèves. Ces formations promettent souvent une intégration plus rapide dans le supérieur, permettant de passer outre la pression de deux années intensives de préparation aux concours. D’autres dispositifs, tels que les admissions sur titre (AST) ou les passerelles, permettent également aux étudiants d’autres filières d’accéder aux grandes écoles sans passer par la case prépa, contribuant ainsi à diversifier les profils au sein des écoles d’ingénieurs et de commerce.

Vous souhaitez devenir ingénieur ? Que vous choisissiez la voie des classes préparatoires scientifiques ou celles des concours post-bac, Cours Thalès propose des stages de préparation en Terminale pour vous accompagner. Consultez nos pages sur les stages objectif prépa en Terminale et sur les stages de préparation aux concours des écoles d’ingénieurs post-bac pour en savoir plus.

2024 serait-il l’année d’un renouveau ?

Alors que certains pensaient déjà que le modèle des CPGE devenait obsolète dans un environnement ayant beaucoup changé depuis une dizaine d’années, les chiffres de la rentrée 2023-2024 sont venus les contredire. Par rapport à l’année 2022-2023, les classes préparatoires ont fait le plein, avec 82 400 étudiants, soit un regain de +1,5%. Si le nombre d’étudiants en prépas scientifiques n’a crû que de 0,6%, les classes préparant aux écoles de commerce ont vu leurs effectifs monter de 2,7%. Quant aux prépas littéraires, le nombre d’élèves y a augmenté de 3,3%. De plus, si l’on ne s’intéresse qu’aux étudiants entrants en première année de CPGE, il est en hausse de 3,9%. Par contre, globalement, le nombre d’étudiantes a continué de décroître de 0,4 %, principalement dans la filière préparant aux concours des écoles d’ingénieurs (-1,6%).

Comment expliquer ce rebond ? Plusieurs éléments sont aujourd’hui privilégiés :

  • Une meilleure compréhension des réformes du Bac : Si les premières vagues d’élèves découvrant le principe des enseignements de spécialité ont pu être déroutées, les nouveaux entrants sont mieux au fait des enjeux.
  • Une prise de conscience des débouchés : Les perspectives économiques, environnementales et géopolitiques sont sombres. On peut penser que le diplôme est une valeur refuge en des temps incertains. Choisir la voie de l’excellence, c’est se prémunir contre des difficultés à venir.
  • La gratuité, un atout en ces temps de forte inflation : Le président de l’association des professeurs de classes préparatoires estime en effet que le contexte économique « conduit des familles à choisir des cursus quasi gratuits et d’autant plus rassurants que les étudiants sont en même temps inscrits à l’université ».

Reste à savoir si cette embellie repose bien sur des raisons durables comme celles évoquées ci-dessus. Quoi qu’il en soit, les classes préparatoires aux grandes écoles ont encore un travail à faire pour attirer les filles en plus grand nombre et surtout pour s’ouvrir aux élèves de catégories sociales peu favorisées, quasiment absentes de cette filière toujours très sélective.

Actualités Prépas Scientifiques

Prépas Scientifiques

CentraleSupélec élargit son recrutement avec de nouveaux bachelors et des camps d’été

Après un demi-siècle de désindustrialisation, la France se met à prétendre à de nouvelles ambitions industrielles. À l’heure du tout numérique et d’une French Tech […]

Prépas Scientifiques

Les grandes écoles forment de plus en plus de startupers

Le long désamour entre les français et l’entrepreneuriat semble bien de l’histoire ancienne. Si la France n’est pas encore complètement devenue une start-up nation, les […]

Prépas Scientifiques

Les écoles d’ingénieurs cherchent à recruter en fac de médecine

Pas toujours facile, lorsqu’on a de grandes capacités de travail et d’excellents résultats scolaires, de choisir sa voie. C’est manifestement le dilemme que rencontrent chaque […]

Identifiez-vous

 


Mot de passe oublié

Mot de passe oublié ?