Finalement, les classes prépas auraient-elles toujours la cote ?
Les Classes Préparatoires aux Grandes Écoles (CPGE), hier encore la voie royale pour l’accès aux grandes écoles, connaissent depuis quelques années une baisse notable de […]
Le long désamour entre les français et l’entrepreneuriat semble bien de l’histoire ancienne. Si la France n’est pas encore complètement devenue une start-up nation, les créations d’entreprise par de jeunes étudiants à peine sortis de leurs études continuent à progresser. Dans cette dynamique, l’implication des Grandes Écoles d’Ingénieurs semble un élément porteur.
Alors qu’au début des années 2000, la propension des français à créer des entreprises et à devenir entrepreneurs restait modérée, la situation a fortement évolué depuis une quinzaine d’années. Des chiffres récents permettent de constater une tendance constante : la part de plus en plus significative des jeunes entrepreneurs. Ainsi, en 2019, le nombre de créations d’entreprises a bondi de 16,7 %. Dans le détail, les créations de sociétés progressent de 8,6 %, celles d’entreprises individuelles de 16,7 % quand le nombre de nouvelles micro-entreprises bondit de 21,9 %. Si la création d’entreprise a le vent en poupe, c’est aussi qu’elle est devenue désirable chez les jeunes, et notamment les étudiants en école d’ingénieurs.
Selon une étude réalisée voici quatre ans par OpinionWay et le CIC sur l’intention entrepreneuriale des jeunes, 45 % des lycéens et étudiants envisagent un jour de créer ou de reprendre une entreprise (41 % des femmes vs 51 % des hommes). Parmi eux, 46 % souhaitent passer à l’acte entre trois et cinq ans après la fin de leurs études et 33% cinq ans et plus après la fin de leurs études. Les résultats de l’enquête mis en perspective dans la durée sont éclairants, depuis 2017 le taux de jeunes lycéens et d’étudiants projetant de créer ou de reprendre une entreprise a augmenté de 9 points !
Les dispositifs d’aide déjà mis en place semblent efficaces. Les étudiants et jeunes diplômés bénéficient aujourd’hui d’un large éventail d’aides et de dispositifs favorables à cette évolution vers la création d’entreprise. Le statut national d’étudiant-entrepreneur en est un parfait exemple : sur la base de son projet entrepreneurial, l’étudiant disposant de ce statut pourra bénéficier d’un accompagnement par un enseignant et un référent, d’un accès à un espace de co-working, ainsi que de possibilités d’aménagements d’horaires dans ses études ou ses stages. Ce cadre sécurisé est idéal pour développer un projet d’entreprise tout en poursuivant ses études. Les aides financières, telles que les bourses et les subventions, ainsi que l’accès facilité à des réseaux d’investisseurs, complètent ce dispositif, offrant aux jeunes entrepreneurs les moyens de leurs ambitions. Cette dynamique est renforcée par la multiplication des incubateurs et des accélérateurs, souvent en lien direct avec les grandes écoles, facilitant ainsi la transition des idées innovantes vers le marché.
Les grandes écoles d’ingénieurs françaises sont devenues un terreau fertile pour l’entrepreneuriat et la création de startups innovantes, on note la présence significative de leurs diplômés parmi les fondateurs de startups reconnues et à fort potentiel. Ainsi les créateurs d’Alma, ChapsVision ou Deepki, sont tous issus de l’éminente école Polytechnique.
CentraleSupélec et l’école Mines Paris PSL ne sont pas en reste et suivent l’école militaire de près sur ce plan. La raison ? Le rôle des incubateurs dans ces écoles est un moteur puissant à l’aide à la création d’entreprise. Ceux-ci, intégrés dans les écoles, offrent le soutien, les aides en personnel et les bourses nécessaires pour transformer les idées novatrices en entreprises florissantes. Ces structures d’accompagnement sont un atout majeur pour les étudiants motivés par la création d’entreprise.
Mais ce foisonnement d’initiatives n’est pas l’apanage des trois ou quatre plus grandes écoles d’ingénieurs. L’Usine Nouvelle a réalisé en 2021 un classement de 130 écoles d’ingénieurs sur ce critère. Nombre de ces institutions offrent des programmes spécialisés en entrepreneuriat, des incubateurs dynamiques et un environnement propice à l’innovation. Certaines prennent cependant le pas sur les autres. L’Usine Nouvelle affecte des notes de 100 à 0 en prenant en compte, en particulier, le nombre d’étudiants en incubateurs et le nombre d’ingénieurs issus de l’école ayant créé une entreprise au cours des trois dernières années. On peut citer ainsi :
C’est bien par la mise en place d’incubateurs au sein même des écoles et à la promotion en interne du statut national d’étudiant-entrepreneur qu’elles parviennent à aider leurs étudiants dans leur parcours de créateur d’entreprise.
Et les grandes écoles de commerce ? Elles n’ont rien à envier aux écoles d’ingénieurs quant à leur contribution à la création d’entreprise. Une étude de Forbes France datant de 2018 mettait en avant les écoles de commerce les plus actives sur ce critère. HEC Paris est en tête et se distingue ainsi par son engagement de longue date dans le domaine de l’entrepreneuriat. Entre 2015 et 2017, l’école a « incubé » pas moins de 498 start-ups !
L’enseignement de l’entrepreneuriat dans les grandes écoles de commerce, à travers des programmes spécifiques et des incubateurs bien équipés, est un facteur clé dans ce changement de paradigme. Les institutions telles que SKEMA, NEOMA, KEDGE, ESCP Europe ou l’EDHEC sont au premier plan dans la formation des jeunes entrepreneurs.
Ces institutions ne se contentent pas de transmettre des connaissances ; elles cherchent à développer chez les étudiants des compétences pratiques et une motivation pour l’innovation et la création d’entreprise avec des chaires d’entrepreneuriat, des incubateurs et des aides. L’approche pédagogique inclut souvent des projets réels, des rencontres avec des entrepreneurs expérimentés et des sessions de coaching.
La distinction entre grandes écoles d’ingénieurs et grandes écoles de commerce n’a finalement que peu de sens lorsqu’il s’agit d’entrepreneuriat. Le label Next40, qui reconnaît les startups françaises les plus prometteuses, a mis en lumière la contribution significative de ces établissements à l’écosystème entrepreneurial français. HEC Paris et Polytechnique se positionnent en tête de liste, chacune ayant formé 12 créateurs de start-ups à fort potentiel du Next40. Et c’est bien un mixte entre écoles de commerce et d’ingénieurs qui en constitue le palmarès complet : les Mines Paris-PSL comme l’INSEAD sont quant à elles responsables de la formation de 6 entrepreneurs du Next40. Viennent ensuite l’ESCP, l’ENS, l’Université Paris-Dauphine et l’ESSEC avec 1 créateur par école.
Que ce soit en matière de création de start-up, de levée de fonds ou de développement de produits innovants, écoles d’ingénieurs et écoles de commerce se rejoignent dans leur incitation à créer des start-ups. Les étudiants y bénéficient d’un environnement stimulant qui valorise la prise d’initiative et la créativité. La clé du succès français ?