Finalement, les classes prépas auraient-elles toujours la cote ?
Les Classes Préparatoires aux Grandes Écoles (CPGE), hier encore la voie royale pour l’accès aux grandes écoles, connaissent depuis quelques années une baisse notable de […]
La DEPP (Direction de l’Evaluation, de la Prospective et de la Performance) a pour mission l’évaluation de la pertinence des politiques menées par le ministère de l’éducation nationale.
C’est à son initiative qu’en mai 2015 ont été évalués des élèves de première année de classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) scientifiques.
Un échantillon a en effet participé à l’évaluation TIMSS Advanced en complément des élèves de terminale S qui constituent le public cible de cette étude.
Il s’agit tout simplement de la plus importante étude mondiale sur l’enseignement des mathématiques et des sciences, elle est orchestrée par l’IEA (International Association for the Evaluation of Educational Achievement). Tous les quatre ans depuis 1995, les équipes d’experts qui pilotent l’étude TIMSS (Trends in International Mathematics and Science Study) se penchent sur les performances des élèves de nombreux pays, à différents stades du parcours scolaire, ainsi que sur les programmes scolaires.
L’enquête TIMSS Advanced s’intéresse spécifiquement aux élèves des filières scientifiques à la fin du cycle secondaire (Terminale S en France). L’objectif de cette étude est tout simplement d’identifier les bonnes pratiques à travers le monde et d’apporter des informations concrètes à celles et ceux qui effectuent des recherches sur l’enseignement des disciplines scientifiques. Seuls neuf pays ont participé à TIMSS Advanced en 2015 et la France en fait partie.
Il existe bien entendu des disparités dans le fonctionnement des filières scientifiques puisque certains pays préfèrent en restreindre l’accès tandis que d’autres permettent à près de 20% de la classe d’âge de s’orienter dans cette voie. C’est pour analyser avec plus de finesse les résultats des jeunes Français de 18 à 19 ans que la Direction de l’Evaluation, de la Prospective et de la Performance a eu l’idée de faire participer trois catégories d’élèves :
En ce qui concerne les élèves de Terminale S, le constat est sans appel. Le niveau a chuté sur les vingt dernières années, la France connaissant la plus forte dégradation parmi les participants. Il devient alors très intéressant de constater que les élèves de CPGE scientifique, dont l’échantillon présentait un âge moyen de 18,9 ans et représentait 2,6 % de la classe d’âge correspondante, se classent parmi les meilleurs, avec des notes supérieures aux lycéens dans tous les items.
Avec 591 points aux épreuves de maths, les élèves de CPGE scientifiques affichent le meilleur niveau de l’enquête, tous pays confondus. Ils devancent ainsi assez largement la Russie (540 points), le Liban (532 points) et la Slovénie (460 points).
En France, au sein des 3 groupes « élèves de Terminale S » (16% de bonnes réponses), « Terminale S futurs CPGE » (19%) et « élèves de 1re année de CPGE » (37%), les élèves de Terminale se destinant aux classes prépa scientifiques sont déjà parmi les plus performants. Cependant les élèves de 1re année de classes prépa ont un niveau plus élevé, pourtant les connaissances ne sont pas en cause dans ce classement puisque 8 items du test sont hors programme pour les élèves de Terminale et 5 sont toujours hors programme pour les 1res années de CPGE scientifiques.
La géométrie reste le point faible des élèves de Terminale S, mais aussi celui des élèves de classes de prépas scientifiques.
Seuls les jeunes slovènes devancent l’échantillon GPGE en physique avec 531 points contre 507 points. Il faut préciser que parmi les pays participants à TIMSS Adavanced, la France est celle dont le programme en physique couvre le moins les domaines retenus pour l’évaluation. Il y a fort à parier que si 7 des 22 sujets abordés n’étaient pas hors programme en France, les résultats auraient été bien meilleurs encore.
Si l’on retrouve de plus en plus de filles en Terminale scientifique, avec une quasi-égalité depuis 2015, il n’en va pas de même en CPGE. Il y a encore du travail pour atteindre la mixité avec 75 garçons pour 25 filles en classes préparatoires scientifiques. L’étude TIMSS Advanced montre que les résultats sont en faveur des garçons aussi bien pour les élèves de terminale S que pour ceux de l’échantillon CPGE.
Si l’on prend l’exemple de l’ENS de Lyon : « les filles ne représentent que 20% des élèves en prépa, 16% des candidats au concours MP des ENS, celui qui privilégie les maths, 8% des admissibles et 5% seulement des intégrés par concours ». Ce clivage pourrait être dû à des stéréotypes encore ancrés dans notre société qui envoient les garçons en filière scientifiques et les filles en filière littéraire. Des stéréotypes qu’il faudrait ranger au placard car comme constate certains mathématiciens : « si nous voulons maintenir le niveau de l’école française de mathématiques, nous ne pouvons pas nous passer de la moitié de la population » (source : France Culture)