Les écoles d’ingénieurs cherchent à recruter en fac de médecine

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Pas toujours facile, lorsqu’on a de grandes capacités de travail et d’excellents résultats scolaires, de choisir sa voie. C’est manifestement le dilemme que rencontrent chaque année de nombreux élèves optant pour des matières scientifiques. Entre médecine et ingénierie, deux métiers prestigieux à l’image très différente, quelle profession embrasser ? De plus en plus nombreuses, des écoles d’ingénieurs offrent à ces surdoués qui tergiversent, la possibilité de concilier les deux options.

La pénurie d’ingénieurs pousse les écoles d’ingénieurs à se montrer plus attractives aux meilleurs étudiants

Actuellement, la France forme environ 40 000 ingénieurs chaque année, cependant, les besoins du marché du travail sont nettement plus élevés puisqu’on les estime à 50 000 nouveaux ingénieurs chaque année. Boom des métiers du numérique, importance croissante des métiers de la transition énergétique et environnementale, réindustrialisation de certains secteurs de l’économie française, il faut plus d’ingénieurs pour répondre à tous ces défis !

Or, le métier d’ingénieur n’attire plus assez de jeunes étudiants, mal connues du plus grand nombre, encore trop souvent associé aux usines bruyantes, les très diverses activités des ingénieurs sont mal identifiées et peu valorisées. D’où une certaine difficulté des écoles d’ingénieurs à faire le plein de candidats.

Les étudiantes préfèrent médecine à ingénierie

La médecine est traditionnellement vue comme une carrière prestigieuse et sûre, ce qui attire de nombreux étudiants. Ajoutez à cela deux caractéristiques très positives dans notre société contemporaine :

  • La médecine n’est pas vue comme une profession réservée aux hommes, bien au contraire.
  • C’est un métier dont le « sens » est évident. À une époque où de plus en plus d’étudiants recherchent avant tout des professions en phase avec leurs valeurs, la médecine propose des activités altruistes, engagées dans le soin aux autres.

Par contraste, le métier d’ingénieur, bien qu’étant diversifié et essentiel, souffre d’une méconnaissance parmi les jeunes induisant une perception qui en fait se détourner de nombreux élèves :

  • On imagine, plutôt à raison jusqu’à présent,  un monde très masculin.
  • Les activités polluantes sont souvent le fait de l’industrie. Or on associe encore très souvent celle-ci au métier d’ingénieur. À tort cette fois-ci puisqu’innover, trouver des solutions « vertes », développer des applications et logiciels servent l’intérêt collectif.

Certaines écoles d’ingénieurs proposent d’ores et déjà des doubles diplômes

Comment concilier deux tendances a priori contradictoires ? Certaines grandes écoles ont peut-être trouvé la réponse en intégrant dans le cursus d’ingénierie un cursus parallèle de médecine. À l’issue d’une formation, certes particulièrement exigeante et réservée à quelques têtes particulièrement bien faites, les étudiants se retrouvent à la fois ingénieurs et médecins.

Des écoles d’ingénieurs de renom, comme les Mines de Saint-Étienne et l’École Centrale de Lyon, ont pris l’initiative en proposant ces doubles diplômes qui visent à former des professionnels polyvalents, capables de répondre aux exigences croissantes des secteurs de la santé et de l’ingénierie.

L’école des Mines de Saint-Étienne est à l’avant-garde de cette approche interdisciplinaire. Elle a été la première à proposer un cycle préparatoire unique, spécialement conçu pour les étudiants en médecine. Ce cycle, s’étalant sur deux ans, est dispensé à distance et comprend une série de SPOCs (Small Private Online Course) axés sur les mathématiques, la physique et l’informatique. Cette préparation est une passerelle pour les étudiants en médecine, leur permettant d’intégrer le cursus Ingénieur Civil des Mines (ICM) au niveau Master 1.

L’École Centrale de Lyon, en collaboration avec l’Université Claude Bernard Lyon 1 et les Hospices Civils de Lyon, a plus récemment développé un double diplôme d’ingénieur-médecin/médecin-ingénieur. Totalement intégrés, les enseignements des deux disciplines prennent en compte les exigences de chacune, en particulier les stages d’externat et d’internat en médecine.

Ces initiatives spectaculaires restent pour l’instant isolées. Il est vrai qu’elles posent plusieurs questions :

  • La capacité des étudiants à suivre deux cursus si différents et si exigeants en même temps. Il faut être doté de compétences exceptionnelles et bien vouloir « sacrifier » dix ans de sa vie environ à travailler sans relâche pour obtenir les deux diplômes.
  • L’intérêt final de disposer de ces deux diplômes.

Les diplômés du double cursus Médecin – Ingénieur peuvent embrasser diverses carrières telles que ingénieur biomédical, développant des dispositifs médicaux innovants, chercheur en bio-ingénierie, spécialiste en radiologie interventionnelle, consultant en santé pour intégrer de nouvelles technologies dans les soins, entrepreneur en technologie de la santé, directeur technique dans des hôpitaux, ou encore spécialiste en réglementation des dispositifs médicaux, garantissant la conformité des innovations technologiques avec les normes en vigueur.

Avec le PASS et la LAS, il est possible de commencer des études mêlant ingénierie et santé

Le croisement entre les domaines de l’ingénierie et de la santé est aujourd’hui possible en début d’études supérieures. L’introduction du choix entre les parcours PASS ou LAS permet de ne pas choisir d’emblée son orientation définitive.

La réforme des études de santé a ouvert la voie à l’interdisciplinarité

Le PASS (Parcours d’Accès Spécifique Santé) et la LAS (Licence Accès Santé) ont été introduits par la réforme des études de santé en 2020.

Dans les deux cas, l’étudiant aura des compétences initiales à la fois dans une spécialité choisie par lui et en santé. Selon ses capacités, il pourra opter pour la médecine ou pour une autre formation. Cela permet :

  • De mieux se rendre compte des contenus et de l’intérêt des études de santé et de la spécialité choisie, afin d’opter pour ce qui paraît finalement le plus intéressant soit en fin de PASS, soit au cours de la LAS ;
  • De ne pas se retrouver démuni et obligé de recommencer à zéro si l’on n’a pas réussi à intégrer une faculté de médecine.

Des écoles d’ingénieurs post-Bac proposent une double formation

Certaines écoles d’ingénieurs ont compris l’opportunité que présentaient ces nouvelles dispositions. Des écoles comme l’ESIEE Paris et l’ESITech Rouen proposent des parcours uniques pour les étudiants désireux de lier ingénierie et médecine.

Par exemple, l’ESIEE propose un cycle « accès santé », en lien avec la faculté de santé de Paris-Est Créteil. Quant à l’ESITech Rouen, elle organise un cycle préparatoire intégré avec option santé avec l’université de Rouen. À l’issue de la première année d’étude, les étudiants de ces filières peuvent poursuivre en cycle d’ingénieur ou se présenter à l’examen des études de santé qui donne accès aux filières MMOPK.

L’intérêt pour ces écoles est de sensibiliser leurs étudiants sur les synergies entre santé et ingénierie. L’ESITech propose ainsi une spécialité technologie du vivant en cycle ingénieur. Les étudiants attirés par la possibilité de faire médecine et échouant à l’examen ou découvrant l’intérêt de l’ingénierie orientée santé resteront ainsi au sein de l’école pour poursuivre leurs études d’ingénieurs.

On peut aussi choisir une spécialité santé dans les études d’ingénieurs

Il existe enfin une troisième option, qui semble se généraliser dans de nombreuses écoles d’ingénieurs, sans prétendre ouvrir la voie à des études de médecine, celles-ci proposent des formations à des métiers d’ingénierie en prise avec les problématiques de santé.

Les étudiants doués en sciences dures, comme les mathématiques et la physique, ont aujourd’hui la possibilité de choisir un cursus fortement tourné vers la santé dans certaines études d’ingénieur. C’est le cas des parcours « Ingénierie et santé » proposés par l’école Centrale Lille depuis 2023. Centrés sur les organisations de santé ou sur la conception des produits, ils sont idéaux pour faire des jeunes ingénieurs des acteurs de la médecine du futur. Immergés dans les services hospitalo-universitaires, ceux-ci sont les mieux à même de mesurer les enjeux techniques de la médecine et d’y répondre.

IMT Atlantique, ESILV, ESME Sudria, Sup’Biotech, ces spécialisations, qui mettent l’accent sur la biologie, la chimie et la pharmacie, offrent une formation complète et rigoureuse pour ceux qui envisagent une carrière à l’intersection de l’ingénierie et de la santé. Il existe d’ailleurs une Association française des ingénieurs biomédicaux, l’AFIB, qui œuvre pour le développement de ces initiatives. Les écoles qui les proposent voient affluer des candidats qui, sans ces initiatives, n’auraient pas envisagé des études d’ingénieurs. Grâce à cela, la santé de demain pourra reposer sur une technicité et une innovation assurées par des formations de haut niveau.

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