Publié le 07 septembre 2021 par Chloé de Cours Thalès. Mise à jour le 02 septembre 2022.
Le concours commun des IEP de Sciences Po se prépare dès maintenant. Aussi, le réseau Sciences Po a récemment publié sa bibliographie de référence. Découvrez ces conseils de lecture commentés et analysés par notre professeure certifiée de Lettres Modernes.

Les épreuves écrites du concours 2022
L’inscription au concours commun des IEP de Sciences Po se déroule en ligne via Parcoursup. Les épreuves écrites pour la session 2022 auront lieu durant une seule journée du 23 avril au 7 mai. Les candidats passeront trois épreuves :
- l’épreuve de Questions contemporaines
- L’épreuve d’Histoire
- L’épreuve de langue étrangère
Pour réussir les épreuves écrites, il est indispensable de connaître la bibliographie de référence et de compiler le plus de connaissances possibles : se démarquer en montrant un esprit critique et affiné est la clef du succès.
L’épreuve de Questions contemporaines
Cette épreuve écrite prend la forme d’une dissertation s’appuyant sur deux thèmes : « La peur » et « Révolutions ». Voici la bibliographie officielle de Sciences Po et commentée par Cours Thalès :
Pour « La peur »
- Conjurer la peur de Patrick Boucheron
Sienne, 1338. La ville italienne qui est, depuis la fin du 12e siècle, régie par un auto-gouvernement voit sa liberté entachée par l’apparition d’une forme politique contraire et autoritaire : la seigneurie. Les habitants de la ville sont alors plongés dans la crainte de tomber dans la tyrannie. Comment, donc, échapper à ce danger ? Pour Boucheron, il peut s’agir de sublimer le pouvoir par les images et par les mots. Ainsi, l’auteur prend appui sur la Fresque du Bon gouvernement peinte par Ambrogio Lorenzetti dans le palais communal. Cette œuvre représente, de manière allégorique, la cité en guerre et la cité pacifiée par la justice. Aussi, il est question de revenir au sens primaire des mots « guerre » et « paix » et de les représenter de manière simple et pure, sans ornement : c’est un retour à l’essentiel pour faire obstacle à ce danger qui arrive. Livre politique, sujet brulant d’actualité, Boucheron a voulu « faire avec de l’art de l’Histoire, mais de l’Histoire qui ne soit pas de l’histoire de l’art » (Patrick Boucheron in Librairie Mollat).
- L’exercice de la peur. Usages politiques d’une émotion de Patrick Boucheron et Corey Robin
La peur est une émotion intemporelle. Représentée de manière différente selon les époques, elle reste assurément une force politique. Force manipulatrice. La peur est de fait un élément constitutif du pouvoir et de l’autorité : Machiavel écrit en ce sens qu’ « il faut idéalement être à la fois aimé et craint, mais comme les deux vont rarement de pair, il est plus sûr, pour qui veut gouverner, d’être craint plutôt qu’aimé». L’actualité n’a de cesse de rappeler cette vérité : entre attentats et diabolisation de l’immigration, les exemples sont nombreux. C’est précisément le dessein de l’historien Patrick Boucheron et du politologue Corey Robin : proposer une réflexion sur la genèse de la peur et son utilisation politique depuis le Moyen-Âge.
- La peur. Histoire d’une idée politique par Corey Robin
Dans la même veine que l’ouvrage précédent, ce livre propose une réflexion sur l’utilisation politique de la peur et dénonce le refus sociétal d’ancrer cette émotion dans une perspective d’autorité : parler d’irrationalité et de folie, au sujet des terroristes notamment, rassure mais n’est pas la réalité, selon le spécialiste. Par ailleurs, l’œuvre de Robin propose une analyse complète et historique de la notion de peur en convoquant les plus grands : Hobbes, Hanna Arendt, Montesquieu ou encore Tocqueville.
- La peur du déclassement. Une sociologie des récessions d’Éric Maurin
La notion même de déclassement impose la création d’une hiérarchie sociale surtout basée sur le revenu, les responsabilités professionnelles et les diplômes. Pourquoi parler de « peur du déclassement » ? Il s’agit d’un phénomène sociologique actuel qui angoisse un nombre de plus en plus important de français : personne n’est réellement à l’abri de perdre son statut social. Aussi, selon le sociologue Éric Maurin, la peur du déclassement, source de concurrence, est aujourd’hui devenue le dynamisme négatif de la société.
- Anatomie de la Terreur de Timothy Tackett
Il était impensable de traiter le sujet de la peur sans parler de la Terreur. Période clef de la Révolution française, la Terreur désigne les actions menées par le gouvernement révolutionnaire de 1793 à 1794. Il s’agit d’une parenthèse historique qui interroge les historiens : comment le souffle démocratique de 1789 a-t-il pu aboutir aux violences de 1793 ? Le professeur spécialiste de la Révolution traite dans cet ouvrage le processus psychologique d’un individu qui devient révolutionnaire et finalement terroriste : la peur devient et est, encore une fois, un outil politique et de pouvoir.
- L’administration de la peur de Paul Virilio
Le philosophe Paul Virilio part d’un événement historique connu de tous : la « guerre éclair » (blitzkrieg) afin d’analyser l’efficacité politique du sentiment de peur et de sidération. Après d’interminables et longs combats, l’Allemagne lance une grande offensive, rapide et inattendue. Cette stratégie a très fortement contribué à déstabiliser la France : c’est le début de la grande peur, celle de l’insécurité du territoire.
- Grand-peur et misère du IIIe Reich de Bertolt Brecht
Après les nombreux ouvrages théoriques, voici une première référence littéraire. Grand-peur et misère du IIIe Reich est une pièce de théâtre en 24 scènes jouée pour la première fois en 1938. Le projet du dramaturge est de montrer l’omniprésence du nazisme dans toutes les sphères du peuple allemand (bourgeoisie, corps médical, justice, enfants, prisonniers…) rendue possible grâce à la peur que la violence de l’idéologie a engendré.
- Les Justes d’Albert Camus
Cette pièce de 1949 pourrait faire écho à l’ouvrage de Timothy Tackett, Anatomie de la Terreur. En effet, Camus relate l’attentat à la bombe du parti socialiste révolutionnaire sur le grand-duc Serge, oncle du tsar. L’écrivain analyse ces personnages révoltés qui, nourris de haine et de rage, vont s’accorder sur le meurtre et ainsi instaurer un climat de peur, au nom d’un idéal libertaire.
Dans ce roman, la peur devient peurs : l’adultère, la perte de l’amour, la sensation d’être un voleur pris au piège, d’être démasqué aux yeux de tous. Ici, la peur inonde Irène Wagner, l’épouse d’un riche avocat et qui, par ennui, entretient une liaison avec un musicien jusqu’au jour où une voisine la reconnait. Zweig traite de manière analytique le sentiment de culpabilité, l’angoisse quant à l’obligation d’avouer son péché et la terreur qu’engendre le chantage de la voisine et fait de ce roman un thriller psychologique.
Pour «Révolutions»
- Révolutions, quand les peuples font l’histoire (Belin), sous la direction de Mathilde Larrère
Cet ouvrage compile les principales révolutions qui ont rythmé l’Histoire, de la prise de la Bastille à l’entrée des Barbudos à La Havane en passant par la Place Tahrir. Il ne s’agit pas seulement de récits historiques mais d’une réflexion sociale : comprendre ce qui lie les révoltions entre elles, comprendre pourquoi et comment les peuples s’insurgent et font, in fine, l’Histoire.
- Il était une fois les révolutions (éditions du Détour), de Mathilde Larrère
L’historienne Mathilde Larrère propose une chronologie des révolutions et des combats qui ont conduit à l’émancipation des peuples. La construction de cet ouvrage est idéal pour acquérir des connaissances précises sur le thème : chaque événement est classé dans un index, ce qui rend les recherches beaucoup plus aisées. Par ailleurs, chaque récit est alimenté d’anecdotes, de chansons ou encore de slogans, idéal pour les références à donner durant l’épreuve de Questions contemporaines !
- Le retour des populismes (La Découverte), sous la direction de Bertrand Badie et de Dominique Vidal
La polysémie du terme « populisme » est large et la volonté de cet ouvrage est de précisément inviter au bon usage du mot qui, de manière générale, se réfère à une classe populaire qui s’oppose aux élites politiques ou économiques. Si le substantif est omniprésent dans les médias actuels, il est souvent à l’origine de mauvaises interprétations. Aussi, ce live a pour projet de réhabiliter le sens du mot : il s’agit d’une synthèse informée sur ce sujet brûlant analysant des exemples contemporains comme Trump, Poutine ou encore Erdogan.
- 14 Juillet (Actes Sud, Babel), d’Éric Vuillard
Il ne reste plus rien de la Bastille, seulement des témoignages. Nous avons aujourd’hui certes des récits de la prise de la citadelle mais de ceux qui n’y étaient pas vraiment : des notables surtout ou de leurs représentants. Pourquoi ? Car ils savaient écrire. Le souhait d’Éric Vuillard dans ce roman historique est de donner enfin la parole au peuple, à ces gens ordinaires qui ont vécu et fait la prise de la Bastille. Par cela, le romancier s’est plongé dans les archives de la police car c’est à cet endroit que se trouve l’histoire des pauvres gens.
- Révolution, tome 1: Liberté (Actes Sud), Florent Grouazel et Younn Locard
Révolution est une trilogie de BD sur la Révolution française. Le premier volume plonge le lecteur en 1789 et l’invite à coudoyer toutes les sociétés. Il s’agit d’une fresque historique, aux mille et un personnages. Les lauréats du prix Cheverny ont ici souhaité offrir un miroir à notre époque en dessinant le passé.
L’épreuve d’Histoire
L’épreuve écrite d’Histoire porte sur les relations entre les puissances et les modèles politiques des années 1930 à nos jours. Il s’agit d’une épreuve d’analyse de documents. Pour la réussir, il est indispensable de se renseigner de manière précise sur la question. Aussi, le réseau Sciences Po a établi une bibliographie d’ouvrages théoriques afin de guider au mieux les candidats :
- Le XXe siècle 1914-2001 (Hachette), de Françoise Berger et Gilles Ferragu
- L’âge des extrêmes, Histoire du court XXe siècle, (André Versaille éditeur), d’Éric Hobsbawm
- Le XXe siècle, Temps, Tournants, Tendance (Armand Colin) de Marc Nouschi
- Le XXe siècle de 1914 à nos jours. Introduction à l’histoire de notre temps, tome 3 (Seuil), de René Rémond
- Histoire des relations internationales depuis 1945 (Armand Colin), de Maurice Vaïsse
- Histoire de la France politique, tome 4, La France recommencée de 1914 à nos jours (Points histoire), de Serge Berstein et Michel Winock
- La France du temps présent (Belin), de Christian Delacroix et Michelle Zancarini
- La France de 1914 à nos jours (Puf), de Jean-François Sirinelli
Nos conseils pour bien utiliser une bibliographie
Organiser ses lectures
La quantité de livres à lire peut facilement décourager. Aussi, il est indispensable de ficher ses lectures et de prendre le temps d’apprécier les textes. Sur chaque fiche, résumez les idées essentielles de l’auteur, les réflexions et les questionnements, le tout accompagnés de citations précises, qui font sens, mais pas trop longues afin de les mémoriser plus facilement. Gardez à l’esprit qu’une copie riche en références pertinentes, sans bien évidement en établir un catalogue, se démarquera des autres !
Ouvrir le champ des références
Travailler la bibliographie officielle est incontournable. Toutefois, cette dernière ne pourrait être suffisante : construisez votre propre bibliographie constituée d’ouvrages qui vous plaisent, vous ferez la différence. Par ailleurs, il ne faut pas se concentrer sur les références textuelles : osez l’image. Vous pouvez vous inspirer de ces conseils de films ou de peintures :
Pour « la peur »
- Shining, Stanley Kubrick, 1980
- Dernier train pour Busan, Yeon Sang-ho, 2016
- Le Cri, Munch, 1883

Pour « Révolutions »
- Un peuple et son roi, Pierre Schoeller, 2017
- Le cuirassé Potemkine, Eisenstein, 1925
- La Liberté guidant le peuple, Delacroix 1830

Préparer le concours commun des IEP ou son dossier Sciences Po Paris est un travail à enclencher dès la Première et à poursuivre en Terminale. Aussi, Cours Thalès propose une prépa Sciences Po afin de mettre toutes les chances de votre côté !