L’épreuve orale de rattrapage en PASS est une nouveauté de la réforme des études de santé. Il s’agit d’une épreuve « de la dernière chance » afin de pouvoir accéder à la sélective deuxième année de Médecine.
Qui est concerné par l’oral de rattrapage en PASS Médecine ?
Pour accéder à la deuxième année des études de santé, il faut réussir son PASS et être classé dans les premiers à l’issue des épreuves écrites de fin de semestre. Si le premier classement n’est pas favorable à l’étudiant, il pourra, sous certaines conditions, être convoqué à un oral de rattrapage. En effet, à la fin de la première année des études de santé, chaque faculté va fixer son nombre de places disponibles en deuxième année et ce pour toutes les filières MMOPK ( Médecine, Maïeutique, Odontologie, Pharmacie, Kinésithérapie ). Ce quota, appelé « numerus apertus » diffère donc selon les facultés et remplace l’ancien « numerus clausus ». Le numerus apertus est fixé pour 5 ans et répond aux besoins réels et territoriaux de médecins. Il s’agit donc d’un quota fixé en accord avec les acteurs du système de santé.
Les grands Admis et les admissibles
À l’issue des épreuves écrites du PASS, une note d’admissibilité est fixée par chaque faculté. Les étudiants qui ont une moyenne supérieure ou égale à cette note sont soit directement admis dans une des filières MMOPK (s’ils sont dans les premiers du classement), soit convoqués à un oral de rattrapage. Les premiers sont ce que l’on appelle les « grands admis », c’est à dire qu’ils sont admis dès le premier tour, les autres sont les admissibles. Les étudiants obtenant une moyenne inférieure à la note seuil ne pourront pas redoubler leur première année : ils devront soit se réorienter, soit s’inscrire en Licence d’Accès Santé (LAS) et retenter leur chance l’année suivante.
Le déroulement des oraux en PASS Santé
L’objectif des oraux de rattrapage du PASS est de filtrer et de sélectionner, in fine, les étudiants admissibles. Les épreuves de rattrapage peuvent revêtir plusieurs formes selon les facultés et ont des coefficients qui diffèrent.
Des épreuves différentes selon les facultés
Selon les facultés des Médecine, les épreuves de rattrapage peuvent s’organiser autour d’un, deux, trois ou quatre oraux. Ce sont en effet les universités qui décident de leurs propres modalités d’évaluation. Toutefois, il existe un décret qui encadre ces épreuves mais qui reste assez flou, notamment sur la forme et le nombre des épreuves : « le second groupe d’épreuves comporte une ou plusieurs épreuves orales et peut comporter une ou plusieurs épreuves écrites majoritairement rédactionnelles. » Il peut donc s’agir d’une analyse de documents, d’une analyse d’une situation complexe ou encore d’exposer ses motivations.
Les sujets possibles pour les oraux de rattrapage
De manière générale, les oraux de rattrapage n’ont pas pour vocation à s’assurer des connaissances médicales des étudiants, puisqu’elles ont déjà été validées lors des écrits, mais plutôt d’évaluer des compétences transversales comme l’aisance à l’oral ou encore la bonne pratique des relatons humaines. Aussi, les sujets proposés ne sont pas vraiment en lien avec la pratique de la Médecine.
Liste non exhaustive de sujets d’oraux en PASS
- Vous êtes en colocation avec 3 personnes, et du jour au lendemain un de vos colocataire présente un comportement suicidaire. Comment réagiriez-vous ?
- Vous avez très mal aux dents, votre dentiste habituel vous prend en urgence entre deux rendez-vous. Lorsque vous vous allongez sur le fauteuil, il commence s’occuper de vous sans mettre de gants ni de masque, de plus une forte odeur d’alcool émane de son haleine. Comment réagiriez-vous ?
- Vous êtes dans une salle d’embarquement pour prendre l’avion avec un ami lorsque celui se met à paniquer et refuse de partir avec vous. Que faites-vous ?
- Vous êtes dans le métro et vous remarquez qu’une jeune femme a l’air de se faire importuner par un homme. Que faites-vous ?
- Vous vous rendez à entretien important, quand un cycliste est renversé et tombe à vos pieds. Comment réagissez-vous ?
- Un membre de votre entourage s’en prend à un de vos amis et devient injurieux. Comment réagissez-vous ?
Des oraux qui ne font pas l’unanimité
Les sujets d’oraux sont donc divers et variés. Ce large champs des possibles déstabilise sans aucun doute les étudiants car il est impossible d’anticiper les questions qui vont être posées par le jury. C’est d’ailleurs en ce sens que des étudiants ont saisi la justice et ont obtenu gain de cause : la faculté de Paris a été sommée de revoir le cas 13 étudiants refusés en filières MMOPK. Ces derniers ont dénoncé une procédure non respectée par la faculté, notamment avec la modification au dernier moment des coefficients, et ont très largement critiqué les sujets proposés tels que le thème du chocolat ou la barrière de corail.
Les compétences évaluées lors des oraux du PASS Médecine
Ce qui est finalement évalué lors de ces oraux de rattrapage c’est la capacité du candidat à réfléchir, à rebondir et à argumenter sur divers sujets. Il s’agit de montrer une certaine compétence à la nuance : il est bien venu d’avoir un avis sur un sujet qui fait polémique mais il faut aussi montrer que l’on considère les arguments de la partie adversaire. Ne pas avoir un discours tranché traduit une véritable capacité à composer avec autrui et une certaine intellectualisation, malgré les divergences d’opinion. Ce qui est jugé est donc le cheminement de la pensée du candidat et la manière avec laquelle il va la présenter et l’embellir, à la fois par des connaissances culturelle et à la fois par une certaine force de conviction.
Nos conseils pour réussir ses oraux en PASS Santé
Dès la première année de médecine, vous pouvez vous préparer aux oraux des différentes facultés de médecine, en vous appuyant sur les conseils de vos professeurs. Après avoir pris connaissance du contenu de l’oral proposé par votre faculté, il est très utile de se pencher sur les sujets des précédentes années afin de se mettre en situation et ainsi faire des oraux blancs. Il est possible d’en effectuer devant des proches, en prenant bien en compte leurs retours, notamment sur la pertinence de votre contenu mais aussi sur votre éloquence, votre capacité à être à l’aise et votre confiance personnelle. Une fois les retours pris en compte, il est très important de répéter cet exercice pour vous améliorer, dans le but de vous rendre de plus en plus à l’aise avec l’idée de s’exprimer devant des personnes qui vont vous juger. Il s’agit de démontrer sa motivation, son empathie, son sang-froid et sa capacité à gérer le stress.
S’entrainer à devenir un excellent orateur
Pour faire de la parole une arme de persuasion et de séduction, il faut intégrer l’idée que la parole ne se suffit pas à elle-même. Parfois, nous sommes captés par un discours qui après analyse et réflexion s’avère être creux. Et pourtant, la magie a opéré ! En réalité, parfois le fond du discours importe peu, c’est la forme qui prime.
La communication para-verbale
Il s’agit de la capacité d’un orateur à faire porter sa voix et à la moduler en fonction de son discours et de son interlocuteur : il n’existe rien de plus fastidieux que d’écouter une parole monocorde. Aussi, la clarté du discours, l’élocution et le ton sont essentiels pour accrocher un auditoire. Il est donc question de travailler son élocution et son articulation. Pour cela, vous pouvez vous entrainez au virelangue suivant : « Six jeunes gens juchés sur six chaises chuchotaient ceci : sage chasseur au front chauve, au sang chaud, aux yeux chassieux, sachez chasser le chat chauve qui se cache sous la chiche souche de sauge séchée ».
La communication non-verbale
Il s’agit de tout ce qui est communiqué à l’interlocuteur sans qu’il n’y ait aucune parole prise en compte : la posture, la gestuelle et l’expression du visage.
La posture
Capter l’attention et être crédible est possible si l’on soigne sa posture. Avoir les épaules voûtées ou rentrées montre une confiance en soi très lacunaire, or vous avez besoin d’être convainquant ! Aussi, lorsque vous prenez la parole, imaginez qu’un fil invisible part de votre tête et est accroché au plafond. Prendre cette hauteur vous permettra de vous présenter avec plus d’assurance mais aussi de dégager la poitrine, ce qui fluidifiera votre discours.
La gestuelle
Le langage des mains est une forme de communication. Les mains sont les outils de la parole et doivent l’accompagner, la sublimer. Il ne s’agit pas de les agiter de manière anarchique mais de les utiliser à bon escient. Aussi, évitez d’avoir les mains croisées ou sous la table, ce qui empêchera d’appuyer le discours par le geste. Gardez en tête le célèbre discours de Robespierre dans lequel il a désigné des coupables au milieu de la foule sans pour autant les nommer, geste dont nous nous souvenons encore aujourd’hui !
L’expression du visage
Un bon orateur saura, par l’expression de son regard ou par des sourires bien amenés valoriser et mettre en confiance son interlocuteur. Par ailleurs, l’expression du visage peut tout à fait trahir le locuteur : elle peut indiquer un moment de doute, une fausse information, une gêne. Pour pallier cela, vous pouvez vous filmer et ainsi déceler les moments durant lesquels vous avez été trahis par votre expressivité !
Les études de Médecine sont très sélectives et le passage en deuxième année se prépare dès le lycée. Aussi, les Prépas Médecine en Première et en Terminale permettent d’anticiper les difficultés que rencontre un étudiant en PASS et d’ainsi espérer être grand admis.
Quels sont les critères des facultés de médecine pour l’oral du PASS ?
Les facultés de médecine présentent effectivement les critères de leurs choix. Il y a des entretiens de motivation de dix minutes, des présentations de texte, des questions inattendues… L’université de Nantes, par exemple, propose huit MEM — Mini Entretiens Multiples — de dix minutes chacun, devant huit jurés différents. Ces oraux visent à évaluer quatre compétences, en organisant deux entretiens pour chacun :
- la flexibilité cognitive
- la communication
- l’ouverture aux autres, la bienveillance, l’empathie
- la gestion du stress, de la colère et de l’agressivité.
Les sujets peuvent être des citations, des textes de réflexion ou bien des mises en situation.
La faculté de médecine de Marseille, quant à elle, organise son épreuve en deux oraux seulement. Le premier est un entretien de dix minutes portant sur votre motivation, à la suite duquel le jury est libre de vous poser des questions pendant cinq minutes. Le deuxième oral repose sur un des trente textes que vous aurez reçu et étudié au préalable. Il s’agit de l’expliquer puis de répondre aux questions posées par le jury.
À l’université Paris-Cité, l’oral comprend une épreuve de mise en situation dans laquelle l’élève doit argumenter à propos d’un court texte étant en lien ou non avec la santé. La deuxième épreuve, celle d’analyse de figure, consiste à analyser une représentation graphique. Ces deux exercices sont composés de dix minutes de préparation, cinq minutes de présentation et cinq minutes d’entretien.
À la faculté de Médecine Sorbonne Université, les élèves devront se présenter à au moins 2 entretiens successifs de 10 à 20 min max chacun, avec au moins 2 examinateurs dont 1 personne extérieure à l’université :
- Entretien 1 : présentation du projet professionnel
- Entretien(s) supplémentaire(s) : sur la(les) thématique(s) donnée(s) aux élèves après les épreuves écrites : but d’évaluer la communication, la réflexion et le raisonnement des étudiants
Tout étudiant ne se présentant pas aux épreuves orales est démissionnaire.
Chaque étudiant est classé dans l’ordre à la suite des résultats des épreuves écrites, de 1 à N (1 : premier ; N : nombre élèves convoqués à l’oral) – classement 1.
Les notes de l’entretien 1 et de(s) l’entretien(s) supplémentaire(s) a(ont) le même poids. Une note finale est communiquée aux étudiants et un classement est établi de 1 à N – classement 2.
Enfin, un classement définitif est établi de 1 à N, en additionnant le classement 1 et le classement 2. En cas d’ex-aequo, l’étudiant ayant le meilleur classement 1 passe en priorité.