Les stages en Seconde sont-ils mal partis ?

Seconde

C’est à la rentrée 2023 que Gabriel Attal, alors ministre de l’Éducation nationale, annonçait que dès cette année scolaire, les lycéens de Seconde allaient faire un stage de 15 jours en juin. Obligatoire, le stage avait comme objectif avoué de « reconquérir le mois de juin ». Il est vrai que juin 2023 avait connu des émeutes urbaines, liées à la mort du jeune Nahel d’un tir policier. Pour éviter un éventuel juin 2024 sous le même signe, l’idée était d’occuper les élèves de Seconde, inoccupés jusqu’alors à cette période de l’année scolaire à cause de l’organisation des examens du Baccalauréat. Alors que la première expérience n’est pas encore commencée, de nombreux professeurs et parents d’élèves tirent alors un signal d’alarme entre angoisse et colère.

Pourquoi a-t-on instauré des stages en fin de Seconde ?

La reconquête du mois de juin était une incantation qui tendait à répondre aux critiques de désertification des lycées devenue récurrente en fin d’année. N’allons pas croire que cela tenait à une sorte de « en juin, fais ce qu’il te plaît » offerte aux élèves comme aux professeurs. Mais l’organisation des épreuves du Baccalauréat (écrit et oral de Français en Première, les deux épreuves de spécialité, le Grand Oral et l’écrit de Philosophie en Terminale) mobilise bon nombre de professeurs (surveillance, passation des oraux, puis corrections) et d’établissements qui deviennent pour l’occasion centres d’examen. Il n’y a donc plus assez de personnel pour faire cours ni même encadrer des classes des 30 élèves de Seconde. Cela ne devrait d’ailleurs pas s’arranger avec l’introduction d’une nouvelle épreuve de mathématiques en fin de Première en 2025-2026, si du moins celle-ci voit finalement le jour.

Prise et annoncée en urgence, cette nouvelle obligation de stage de Seconde était parée de vertus évidemment pédagogiques et propices à l’orientation. Vendus comme une étape importante de la découverte professionnelle des élèves, les stages de quinze jours en entreprise devaient permettre aux élèves de découvrir différents métiers, de développer des connaissances pratiques et de mieux comprendre le monde du travail. Autant de compétences très utiles pour affiner des choix d’orientation et se préparer à choisir des formations supérieures qui les intéressent.

Le gouvernement en profitait également pour redorer le blason, difficile à faire briller, du Service National Universel. Celles et ceux qui choisissent un séjour de cohésion ou une mission d’intérêt général d’une durée de quinze jours dans le cadre du SNU se voient exemptés de stages. Un bon moyen de promouvoir un service qui peine à recruter. Enfin, les élèves ont également une troisième alternative : ceux qui ont la chance d’être engagés dans un projet de mobilité européenne ou internationale d’au moins deux semaines peuvent également faire l’impasse sur le stage.

Les critiques et les défis de la mise en œuvre des stages de Seconde

Malgré les intentions affichées par le ministère de l’Éducation nationale, la mise en œuvre des stages de Seconde a suscité de nombreuses critiques. Le Conseil supérieur de l’éducation, composé de représentants des personnels de l’éducation, des usagers et des partenaires de l’État, a largement rejeté cette mesure : sur les 69 votants, 58 ont voté contre. En effet, compte tenu de la façon dont était présentée cette mesure, elle ressemblait plutôt à un stage pour occuper les élèves plutôt qu’à une initiative pédagogique. Car le ministère n’avait, jusqu’au mois de mai, donné aucune indication sur la nature du travail demandé aux élèves, ni sur le suivi du stage.

À cet avertissement argumenté s’en est ajouté un autre, venu cette fois des enseignants et des parents d’élèves. Qu’en était-il de l’équité ? Avec l’expérience des stages de Troisième, on sait qu’un stage n’est pas si facile à trouver. Les enfants de milieux favorisés peuvent exploiter leurs réseaux familiaux pour connaître une expérience professionnelle dans des entreprises et des secteurs qui peuvent préfigurer leur parcours futur. À l’inverse, il est beaucoup plus compliqué pour des élèves de milieux moins aisés de se faire engager pour une semaine, certains parlent d’ailleurs de « stages kebab » pour les élèves qui peinent à en trouver. Reproduire une seconde fois l’expérience et pour quinze jours était vu par certain comme une aggravation des inégalités.

Enfin, le dernier écueil relevé par tous les acteurs était celui de la disponibilité de stages. Ceux de Troisième s’étalent dès le premier trimestre sur une partie de l’année, ce qui permet aux entreprises de proposer des disponibilités suffisantes pour l’ensemble des plus de 800 000 élèves de ce niveau. Mais fallait-il concentrer les stages pour les 550 000 lycéens de Seconde au même moment dans la France entière, à un moment où les lycéens professionnels doivent également trouver un stage ? Le ministère était pourtant confiant, une plateforme proposant plus de 200 000 stages allait être mise en place avec l’aide du MEDEF, réglant une grande partie du problème.

L’épisode 1 du stage de Seconde s’annonce plutôt chaotique

Début juin 2024, moins de 10 jours avant le début des stages, entre 50 % et 70 % des élèves étaient encore sans solution selon le Syndicat national des enseignants du second degré (SNES-FSU) et le Syndicat national des personnels de direction (SNPDEN-UNSA). Il apparaît ainsi qu’une moitié des élèves se retrouveront sans stage. Le ministère relativise en expliquant qu’il n’a pas les remontées catastrophiques des syndicats et que dans certaines villes, les chiffres sont mêmes plutôt bons. Qu’en est-il de la plateforme de proposition de stages promise ? Elle a bien été ouverte. Certes, au lieu des 200 000 propositions évoquées, elle a plafonné à 70 000. Un petit déficit qui ne contribue pas à aider les lycéens.

Les retours d’expérience montrent une grande disparité dans la qualité des stages trouvés. La Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) indique que les lycéens sont partagés sur ce stage, la moitié en serait satisfaite, tandis que l’autre moitié a pris un stage par défaut, jugé sans intérêt et à l’opposé des centres d’intérêt liés à leur orientation. Ainsi, certains jeunes vont se retrouver à effectuer des tâches sans véritable apport pédagogique, comme mettre des sodas en rayon dans des supermarchés ou tondre la pelouse dans des golfs. Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, rapporte aussi des cas de travail dissimulé, où des chaînes de restauration rapide proposent de faire des sandwichs par exemple. Ajoutons que certains rectorats, comme celui de Rennes, ont même enjoint aux directeurs d’écoles primaires de prendre des stagiaires de Seconde !

Les représentants des entreprises et du MEDEF tirent également leurs salves de critiques. Alors que le ministère avait beaucoup communiqué après le lancement en fanfare de la mesure, il est ensuite resté aux abonnés absents puisque de janvier à avril, aucune communication n’a eu lieu auprès des entreprises. Par ailleurs, les enseignants se plaignent de n’avoir pu préparer leurs élèves à ces éventuels stages. Les précisions attendues du ministère sur la manière d’encadrer les stages ne sont intervenues qu’au mois de mai. Impossible alors de planifier la préparation tout au long de l’année scolaire. De plus, aucun rapport de stage ne sera finalement demandé. Certes d es retours d’expérience collectifs sont censés se tenir en début de classe de Première pour un intérêt pédagogique assez faible selon la grande majorité des professeurs.

Les élèves qui n’auront pas de stage n’auront qu’à retourner au lycée

Preuve du sérieux de ce dispositif annoncé dans l’urgence et qui a dû pâtir d’une rupture de suivi lors des changements successifs de ministre de l’Éducation en début d’année, le ministère rassure les élèves et les familles, s’ils ne peuvent pas suivre de stage cela n’aura aucune incidence sur la scolarité !

Oui, mais que faire des élèves qui se retrouveront, comme chaque année depuis longtemps, livrés à eux-mêmes ? Ce sera tout simplement aux établissements scolaires de les encadrer. Retour sur les bancs du lycée, donc. Sauf que de nombreux lycées étant centres d’examens n’auront pas de places ni l’organisation nécessaire pour faire face à cet afflux d’élèves. Et que les autres établissements, dépourvus de professeurs mobilisés sur les différents examens, n’auront pas non plus d’encadrement suffisant !

Les proviseurs de lycée ont ainsi l’impression que le ministère de l’Éducation nationale leur « refile la patate chaude » lorsqu’il indique que l’élève « demeure sous la responsabilité du chef d’établissement ». Et préviennent de leur incapacité à accueillir les lycéens : « il ne s’agit pas d’un problème de volonté, mais bien de capacité à les accueillir », précise Agnès Andersen, secrétaire générale du Syndicat indépendant des personnels de direction (ID-FO).

Cours Thalès propose des stages pour les élèves qui souhaitent progresser

Pourtant il est possible d’organiser des stages avec un réel intérêt pédagogique. Les stages intensifs de Cours Thalès pour les élèves de Seconde représentent en effet une réelle opportunité de consolidation des acquis scolaires. Offrant des cours en mathématiques, physique-chimie et français, ces stages sont dispensés par des enseignants certifiés et agrégés, en petits groupes permettant un suivi individualisé. Ces sessions, disponibles lors des périodes de vacances scolaires, visent à renforcer les compétences des élèves et à les préparer aux spécialités de Première. Chaque stage se termine par une évaluation pour mesurer les progrès des élèves et identifier les axes d’amélioration. Ces stages offrent ainsi un cadre structuré et bienveillant, propice à la réussite scolaire et à la préparation d’un dossier Parcoursup solide.

 

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