Publié le 20 septembre 2018 par Édouard de Cours Thalès. Mise à jour le 16 janvier 2025.
La Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), qui constitue le service des statistiques du ministère de la Santé, avait publié avant l’été 2018 une étude particulièrement complète qui donne tous les éléments indispensables pour comprendre les évolutions en cours et à venir du corps médical en France. Premier chiffre à retenir, 226.000, c’est le nombre de médecins en activité dans notre pays au 1er janvier 2018. Parmi eux, on trouve 103.000 médecins généralistes et 124.000 spécialistes. Cela représente une hausse d’environ 10.000 praticiens sur les cinq dernières années, et la tendance à la hausse va se maintenir. Les observateurs craignent pourtant que nous nous retrouvions rapidement face à un cruel manque de médecins pour gérer des besoins croissants en matière de santé. Explications.
Plus de spécialistes et moins de médecins généralistes
La Drees nous apprend en préambule que les catégories de médecins les plus représentées au niveau national sont les trois spécialités suivantes : psychiatrie (15.400), anesthésie-réanimation (11.510) et imagerie médicale (8890). Pas de changement en ce qui concerne les spécialités dans lesquelles on trouve le moins de médecins avec la gynécologie-obstétrique, la dermatologie et en dernière position la gastro-entérologie/hépatologie.
Les médecins spécialistes, avec une hausse de 8 % par rapport à 2012, participent avec les médecins salariés (+ 11 %) à maintenir un certain rythme de croissance des effectifs globaux qui s’établit à + 4,5 % sur la même période, alors que les généralistes évoluent peu (+ 0,7 %).
On note même une diminution de 2 % lorsque l’on se penche sur la catégorie des médecins généralistes qui sont installés en libéral. Après analyse de ces chiffres, la Drees indique que le nombre de médecins ne va cesser d’augmenter, mais qu’il ne faut pas espérer une amélioration de la densité de généralistes avant 2026. Selon le même scénario, les médecins libéraux ne représenteront plus que 38 % des médecins en 2040 contre 47 % aujourd’hui.
Médecin : une profession vieillissante
Les statistiques sont claires, 50 % des médecins sont âgés de plus de 55 ans et la moyenne d’âge des médecins en exercice est de 51,2 ans. Ce phénomène s’explique par l’évolution du numerus clausus qui était bien plus élevé qu’aujourd’hui dans les années 70.
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Une profession qui se féminise doucement mais sûrement
Si l’on se penche sur les 8.600 inscriptions à l’Ordre des médecins effectuées en 2017, on constate que 59 % sont des femmes. Leur part progresse donc petit à petit. Si elle représente aujourd’hui 46 % des effectifs, il faut savoir qu’elles sont d’ores et déjà plus nombreuses que les hommes dans la catégorie des praticiens de moins de 50 ans.

Une demande qui croît plus vite que l’offre
Si personne ne trouve à redire sur la féminisation de la profession, la Drees nous alerte sur un phénomène induit qui conduit à analyser avec prudence les effets de l’augmentation globale du nombre de médecins en France dans les années à venir. Les femmes, qui devraient être majoritaires dans la profession dès 2021, et qui représenteront plus de la moitié des médecins en exercice dès 2034, ont tendance à travailler moins d’heures que les hommes. Et le temps de travail global est une donnée importante que l’on se doit de prendre en compte lorsque l’on réfléchit à l’adéquation entre l’offre de soins et les besoins d’une population. L’autre critère qui ternit la situation, c’est le vieillissement de la population qui implique plus de soins.
La réforme du Plan Santé et les « déserts médicaux »
Peut-on parler de pénurie de médecins en France et doit-on s’en inquiéter ? L’évolution positive du nombre de praticiens dans les années à venir est-elle suffisante ? Si l’étude de la Drees ne répond pas à cette question, elle donne en tout cas les éléments concrets pour y réfléchir. En 2016, 98 % des français peuvent se rendre chez un médecin généraliste en moins de 10 minutes. Si cela semble très positif, la Drees a mis au point un indicateur plus complexe basé sur différents paramètres, et le verdict est différent. 8,6 % de nos concitoyens vivent dans une ville où les médecins généralistes ne sont pas assez représentés.
La réforme du Plan Santé, présentée par Emmanuel Macron le 18 septembre, propose quelques actions afin de revoir l’accès aux soins dans les déserts médicaux avec la création de 4000 postes d’assistants médicaux qui épauleront les médecins généralistes ou spécialistes. Des postes qui seront financés en priorité dans les « déserts médicaux ». 400 médecins salariés recrutés sur la base du volontariat vont être envoyés dès 2019 dans les territoires les plus défavorisés en termes d’accès aux soins.