Bien que la parole soit une faculté naturelle et innée chez l’Homme, « il ne suffit pas de parler, il faut parler juste » ironise Shakespeare. En effet, l’art de bien parler est une discipline qui s’apprend au même titre qu’une leçon de grammaire ! C’est en ce sens que les lycéens sont évalués sur leur capacité à bien s’exprimer, notamment lors du Bac Français et lors de l’épreuve du Grand Oral. Retrouvez ci-dessous nos conseils pour réussir les épreuves orales du Baccalauréat.
Rédigé par Angéla Vidal, professeure certifiée de Lettres Modernes.
Le niveau d’expression orale est en baisse
L’humain est par définition un être social et la parole est le ciment de son langage, de sa capacité à communiquer. La parole est une des premières compétences acquises chez l’enfant et pourtant nous sommes très inégaux face à elle : certains profitent d’une véritable aisance à l’oral tandis que d’autres soufrent d’une difficulté voire d’une incapacité à bien communiquer.
Les causes de l’incommunicabilité
L’identité des individus
L’écart de statut des protagonistes rend parfois tout dialogue impossible. En effet, dans le discours oral, les interlocuteurs doivent faire allusion à une réalité commune pour se comprendre. Or, des situations d’échanges de paroles peuvent être conflictuelles lorsqu’un des deux interlocuteurs est trop dominateur, parfois suffisant ou trop bavard. C’est en réalité cet interlocuteur qui détient un savoir, celui des mots (et donc un pouvoir !) face à un personnage timide, vulnérable, en marge ou soumis. Il s’établit alors un rapport de soumission et d’acceptation qui exclut tout dialogue.
L’incapacité à trouver les bons mots
Aujourd’hui, nous assistons à une faillite des mots qui conduit à une incapacité à exprimer clairement ce que nous pensons ou ce que nous ressentons. La banalité des mots employés au quotidien ne peuvent ainsi rendre compte d’une expression juste de l’idée. Aussi, les dictionnaires de langue française contiennent entre 60 000 et 100 000 mots alors que la langue anglaise est celle qui en contient le plus : 200 000 ! Par ailleurs, la déficience dans la maîtrise de la langue est aussi ce qui empêche le partage pertinent d’une idée ou d’une opinion. Cette déficience est due à l’âge mais aussi au contexte social. En effet, selon une étude qui établit un lien scientifique entre l’intelligence et le vocabulaire, le français moyen comprend 3000 mots et en utilise la moitié alors que les adultes les plus cultivés connaissent environ 50 000 (20 000 actifs et 30 000 passifs) et plus de 300 constructions syntaxiques. Bien maîtriser l’art de la parole revient alors à profiter du pouvoir des mots !
Devenir un excellent orateur, c’est possible !
Pour faire de la parole une arme de persuasion et de séduction, il faut intégrer l’idée que la parole ne se suffit pas à elle-même. Parfois, nous sommes captés par un discours qui après analyse et réflexion s’avère être creux. Et pourtant, la magie a opéré ! En réalité, le fond du discours importe peu, c’est la forme qui prime.
La communication para-verbale
Il s’agit de la capacité d’un orateur à faire porter sa voix et à la moduler en fonction de son discours et de son interlocuteur : il n’existe rien de plus fastidieux que d’écouter une parole monocorde. Aussi, la clarté du discours, l’élocution et le ton sont essentiels pour accrocher un auditoire. Il est donc question de travailler son élocution et son articulation. Pour cela, vous pouvez vous entrainez au virelangue suivant : « Six jeunes gens juchés sur six chaises chuchotaient ceci : sage chasseur au front chauve, au sang chaud, aux yeux chassieux, sachez chasser le chat chauve qui se cache sous la chiche souche de sauge séchée ».
La communication non-verbale
Il s’agit de tout ce qui est communiqué à l’interlocuteur sans qu’il n’y ait aucune parole prise en compte : la posture, la gestuelle et l’expression du visage.
La posture
Capter l’attention et être crédible est possible si l’on soigne sa posture. Avoir les épaules voûtées ou rentrées montre une confiance en soi très lacunaire, or vous avez besoin d’être convainquant ! Aussi, lorsque vous prenez la parole, imaginez qu’un fil invisible part de votre tête et est accroché au plafond. Prendre cette hauteur vous permettra de vous présenter avec plus d’assurance mais aussi de dégager la poitrine, ce qui fluidifiera votre discours.
La gestuelle
Le langage des mains est une forme de communication. Les mains sont les outils de la parole et doivent l’accompagner, la sublimer. Il ne s’agit pas de les agiter de manière anarchique mais de les utiliser à bon escient. Aussi, évitez d’avoir les mains croisées ou sous la table, ce qui empêchera d’appuyer le discours par le geste. Gardez en tête le célèbre discours de Robespierre dans lequel il a désigné des coupables au milieu de la foule sans pour autant les nommer, geste dont nous nous souvenons encore aujourd’hui !
L’expression du visage
Un bon orateur saura, par l’expression de son regard ou par des sourires bien amenés valoriser et mettre en confiance son interlocuteur. Par ailleurs, l’expression du visage peut tout à fait trahir le locuteur : elle peut indiquer un moment de doute, une fausse information, une gêne. Pour pallier cela, vous pouvez vous filmer et ainsi déceler les moments durant lesquels vous avez été trahis par votre expressivité !
Pour réussir les oraux, renseignez vous sur les épreuves !
Bien maitriser l’oral est essentiel à différents niveaux : dans la vie quotidienne et personnelle, tout au long de la scolarité et dans la vie professionnelle, ou encore pour imposer ses idées et convictions. Bien s’exprimer c’est aussi savoir ce qui attendu et de composer avec, précisément, ces critères et notamment ceux relatifs à la notation. Savoir sur quels critères oratoires vous êtes évalués est primordial !
Réussir l’oral du Bac Français
Pour réussir l’Oral du Bac de Français en Première, il est impératif de comprendre les contours de l’évaluation. Depuis la réforme du Bac, l’épreuve orale de Français se divise en deux temps :
- une lecture linéaire d’un texte étudié en classe accompagnée d’une réponse argumentée à une question de grammaire ;
- une présentation argumentée d’une œuvre intégrale.
La première partie de l’épreuve peut être un piège en terme de capacité oratoire. Très souvent, les candidats imaginent qu’il suffit de réciter le cours, or il faut aussi et surtout incarner son discours ! Il faut garder à l’esprit que le jury a déjà entendu des lectures linéaires, parfois même sur le même texte et qu’il n’y a rien de plus fastidieux que d’écouter des analyses similaires. Ce qui est noté, donc, c’est votre capacité à vous dégager de vos notes et à rendre compte d’une interprétation textuelle personnelle et pertinente.
La seconde partie de l’épreuve est le moment où vous allez pouvoir vous démarquer grâce à vos compétences oratoires. En effet, ce qui est évalué est votre capacité à défendre une oeuvre littéraire et à argumenter votre choix de présentation. Bien entendu, pour proposer une prestation de qualité, il faut de la matière, ce qui nécessite d’avoir bien travaillé l’œuvre en question. Mais vous aurez des points à condition de structurer votre oral et de proposer de véritables arguments, en plus de présenter une aisance et une satisfaction d’une expérience de lecteur !
Réussir le Grand Oral du Bac
Le Grand Oral du Bac en Terminale est l’épreuve d’éloquence par excellence. Aussi, il s’agit de répondre à une problématique relative aux spécialités suivies en Terminale et de défendre son projet post-Bac. Il faudra donc mettre en place des stratégies de persuasion et de conviction afin de prétendre à une excellente note. Ce qui est évalué est surtout votre aisance oratoire et votre force de conviction, en plus bien entendu des savoirs disciplinaires.