Publié le 17 juin 2021
Les élèves de Terminale ont planché ce matin sur le sujet de Philosophie qui, cette année, revêt une forme particulière. Découvrez en avant-première une proposition de correction de l’épreuve du 17 juin 2021 ! La Philosophie est une science humaine, par conséquent il n’y a pas de corrigé parfait : il est donc possible d’aborder ces sujets avec une réflexion tout à fait différente.
Un sujet multiple
Cette année, ce n’est pas un mais quatre sujets qui ont été proposés au 715 006 élèves de Terminale : 3 dissertations et 1 explication de texte.
Consultez les sujets du Bac Philo 2021 ici :
sujet-bac-philo-2021
Proposition de correction
Sujet : Discuter est-ce renoncer à la violence ?
Analyse du sujet : il s’agit d’un sujet ancré dans l’actualité dans la mesure où l’échec de la communication et la crise du langage sont inhérents à notre société. Aussi, la réflexion à mener sera axée sur la nécessité du langage et de la parole dans les nations policées.
Plan :
I. Le conflit est l’essence de l’Homme
- Le conflit et les opinions divergentes sont au fondement de tout débat démocratique. Dans une société moderne alimentée par de nombreux canaux de communication, nous assistons à la disparition du langage commun, aux mots qui font consensus. Le philosophe Lyotard évoque en ce sens le concept de « différend » soit l’impossibilité à trouver un langage compris et connu de tous. L’échec de la communication s’exerce finalement dans l’incapacité à comprendre l’autre et à se faire comprendre.
- L’incommunicabilité témoigne du fait que deux individus appartiennent à des univers différents voire antithétiques. L’incompréhension s’ancre dans la problématique des références personnelles et de fait incomprises par l’autre. C’est notamment le cas de Louis, le héros lagarcien qui ne parvient pas à annoncer sa mort prochaine à sa famille : c’est le choc de l’intellectuel parisien, amoureux des mots, et du pragmatisme prosaïque de la famille modeste de province.
II. La communication, une nécessité
- Le dialogue est le ciment de toutes les sociétés policées. La discussion s’oppose de fait à la violence et à la tyrannie. Le philosophe Habernas explique en ce sens que la parole est en réalité un devoir moral et social afin de s’assurer de la paix entre les nations.
- La communication est la mère de la démocratie. Il faut alors reprendre l’étymologie grecque du mot : « dêmos » qui signifie « le peuple » et « kratos » qui signifie le pouvoir. Aussi, pour que le peuple puisse détenir le pouvoir, il doit sensiblement communiquer avec autrui, mais bien communiquer. C’est donc la naissance de l’éloquence, cet art de la parole précisément plébiscité par les grands orateurs antiques.
III. L’égalité synonyme de violence
S’il existe aujourd’hui une forme de violence de la parole c’est parce que chacun pense être supérieur à l’autre. Aussi, il s’agit d’imposer son opinion car cette dernière est jugée comme meilleure. Par ailleurs, l’opinion personnelle ne se distinguant plus du savoir, tout propos revêt à tort la même valeur. C’est précisément ce que dénonce Tocqueville : la passion de l’égalité. La passion, du latin « patior » est précisément la douleur éprouvée quant à une sensation, ici d’injustice donc, celle ne pas être écouté et considéré à sa juste valeur.
Sujet : L’inconscient échappe-t-il à toute forme de connaissance ?
Analyse du sujet : L’inconscient est par définition ce qui ne peut pas être connu, sinon il devient conscient. Toutefois, la psychanalyse propose une étude technique de cette part d’ombre propre à chaque individu.
Plan :
I. L’inconscient et l’ignorance
- L’inconscience est le fait de pas avoir de conscience. Néanmoins, chaque individu est doté de conscience : Descartes caractérise la conscience par la pensée (« Cogito ergo sum »).
- L’inconscience est la matière première de la psychanalyse. Pour Freud, le lieu de l’inconscient est l’endroit des désirs et des pulsions refoulés et donc inconnus.
II. L’inconscient le lieu du secret
- Pour guérir de ses névroses, il est essentiel d’avoir accès à son inconscient. C’est précisément la fonction d’une thérapie et de tous les travaux de Freud et de Lacan, notamment.
- Accéder à son inconscient c’est se comprendre et se connaitre. Voyager dans ses secrets et pulsions refoulés c’est comprendre son conscient, ce que propose l’hypnose par exemple, méthode enrichie par Freud.
III. L’accès à l’inconscient
- L’inconscient peut être accessible à travers l’interprétation des rêves, ce que propose de faire Jung.
- La libre discussion en thérapie est un autre moyen d’accès, énoncé par Freud
- La méditation comme accès post-moderne à l’inconscient.
Sujet : Sommes-nous responsables de l’avenir ?
Analyse du sujet : Il s’agit ici de proposer une réflexion sur notre irresponsabilité à l’égard des autres et sur les crises qui affectent l’Homme sur plusieurs générations.
Plan :
I. Le determinisme
- Il est possible de considérer que l’Homme est déterminé et que de fait il n’est pas maitre de son destin. Zola imagine en ce sens le déterminisme social, inspiré des théories scientifiques de Claude Bernard et de Darwin.
- Même si nous considérons que l’Homme est déterminé, il n’en est pas moins irresponsable. Selon Leibniz, l’Homme doit aussi prendre en main sa destinée, son essence et conduire son être selon des codes moraux et sociaux qu’il aura choisis.
II. Ignorer les générations futures
- L’irresponsabilité réside surtout dans l’ignorance des générations futures. Selon Descartes, il s’agit de faire du Monde le sien et donc de le bâtir et de le soigner.
- Le progrès est ancré dans l’intégration des générations à venir : les démarches contre la pollution ou encore les recherches médicales s’orientent vers cette pleine conscience.
III. L’angoisse du temps
- L’avenir est source de préoccupation pour les Hommes. Pascal évoque le soucis et l’inquiétude de l’Homme quant à son avenir car ce dernier reste toujours inconnu.
- Il s’agit alors de bien vivre l’instant présent, de le cueillir (« Carpe Diem ») comme l’indique Epicure dans sa philosophie du bonheur.
Sujet : Durkheim, De la division du travail

De la division du travail Durkheim
Le thème principal du texte est les limites de la morale et son opposition aux règles de la société.
Plan :
I. Le constat de l’auteur (ligne 1 à 4)
La morale est un concept bien établi et fixé. De fait, elle ne peut et ne doit pas être modulée pour perdurer.
II. L’objection de l’auteur (ligne 4 à 16)
Il faut exiger toujours plus et donc moduler la morale selon l’évolution et l’époque. La question que se pose Durkheim est de savoir si la morale est un devoir absolu. Selon le philosophie, ce n’est pas le cas parce que « le devoir est fini » et est donc limité, ce qui s’oppose à la définition même de la morale. Par ailleurs, si la morale est un devoir, elle s’oppose de fait aux autres devoirs comme celui de travailler pour vivre.
III. L’enjeu paradoxal du texte (ligne 16 à 19)
Le paradoxe de la morale est qu’elle impose à l’Homme de s’éloigner des besoins primaires et sociaux, des besoins aussi égoïstes et individuels. Toutefois, elle ne peut et ne doit pas couper l’Homme de toute vie sociale.
Notons ici qu’il ne s’agit que de propositions de réflexion et que, comme tous sujets de Philosophie, il est tout à fait possible d’aborder toutes ces questions sous des angles différents : aucun corrigé idéal n’existe.