Les différentes voies pour intégrer une école d’ingénieurs
Les écoles d’ingénieurs ont plutôt le vent en poupe aujourd’hui. Le manque d’ingénieurs en France pour relever les défis économiques et environnementaux qui se profilent […]
L’ESIREM, l’École Supérieure d’Ingénieurs de Recherche en Matériaux et Informatique de Dijon, a décidé en 2023 d’intégrer le Réseau Polytech. Elle est devenue dès 2024 Polytech Dijon. Pourquoi cette volonté grandissante des écoles supérieures à se regrouper sous des bannières diverses ? Les écoles d’ingénieur ont ainsi leurs nombreux réseaux, à l’instar des Instituts nationaux polytechniques (INP), des Mines, etc., et les écoles de commerce connaissent également ce phénomène (CFGE, IAE…). Nous allons tenter de mieux comprendre l’intérêt de ces mouvements pour les écoles comme pour les étudiants.
L’ESIREM, fondée en 1991, est une école publique d’ingénieurs rattachée à l’Université de Bourgogne. Elle propose des diplômes d’ingénieurs en cinq ans, structurés autour de deux cycles principaux : une formation initiale de deux ans, suivie d’un cycle ingénieur de trois ans. L’ESIREM est reconnue pour ses spécialités en :
Comme beaucoup de ses consœurs, l’école s’est largement ouverte à l’international. Grâce à plus de 70 partenariats internationaux, elle affiche des chiffres prometteurs :
L’ancrage international repose, entre autres, sur :
On peut y entrer en première année, après le Bac, ou en début de second cycle. L’école met un accent particulier sur la recherche et l’innovation, collaborant étroitement avec les entreprises et les laboratoires pour des projets de pointe.
En 2023, l’ESIREM accueillait près de 600 étudiants, au cœur du campus de l’Université de Bourgogne, offrant un cadre de vie et de travail agréable pour ses élèves.
Rejoindre le Réseau Polytech était une décision stratégique pour l’ESIREM. Son directeur explique ainsi qu’« en France, trois écoles sur quatre appartiennent à un réseau… Les autres, comme l’Esirem, sont des écoles individuelles. C’est pourquoi nous voulons rejoindre le réseau Polytech, qui regroupe les écoles d’ingénieurs universitaires… et devenir une des grandes écoles d’ingénieurs de France ».
Cette intégration devrait permettre à l’école de bénéficier de la notoriété et des ressources partagées du réseau, en particulier de ceux des cinq commissions nationales : admissions, CNPP, relations européennes et internationales, Relations entreprises, Direction administrative. Par ailleurs, elle consoliderait ses liens avec les autres écoles d’ingénieurs du groupe. Polytech Dijon peut également tirer parti du concours commun Geipi Polytech, et attirer ainsi plus de candidats.
Enfin, cette transformation permet de renforcer la visibilité et l’attractivité de l’école à l’échelle nationale et internationale, offrant ainsi de meilleures perspectives d’avenir pour ses diplômés.
Le Réseau Polytech a vu le jour en 2004. Il s’agissait, en regroupant plusieurs écoles d’ingénieurs publiques françaises, d’harmoniser les cursus, de mutualiser les ressources et de renforcer la visibilité de chaque établissement sur la scène nationale et internationale. La notion de mondialisation a en effet pris tout son sens en matière d’enseignement. Combinée à une mobilité croissante des étudiants, la puissance de classements tels que celui de Shanghai a contraint à une restructuration des universités et des écoles et à la création de pôles plus à même de faire bonne figure dans ces évaluations internationales.
L’originalité de Polytech repose ainsi sur sa double dynamique entre écoles et université. Il a également des liens privilégiés avec les entreprises, le monde de la recherche et l’international. Un tiercé qui donne toutes leurs chances aux écoles d’attirer les futures scientifiques.
La mise en place d’un concours commun nommé Geipi Polytech favorise la cohésion du réseau ainsi que son attractivité. Ce concours est ouvert aux élèves de Terminale, via une inscription sur Parcoursup. Il permet de candidater à chacune des écoles du réseau, soit les 15 historiques, fondatrices de Polytech en 2004, et l’ex-Esirem. Il s’agit donc des écoles Polytech de Clermont-Ferrand (1200 étudiants), Grenoble (1300), Lille (1400), Lyon (1100), Marseille (1500), Montpellier (1600), Nancy (900), Nantes (1300), Nice Sophia (1200), Orléans (1100), Paris-Saclay (900), Paris-Sud (1000), Paris Sorbonne (1300), Tours (1100), Annecy-Chambéry (800) et enfin Dijon (600). Soit un réseau de plus de 17 000 étudiants, recevant chaque année plus de 4 500 nouveaux élèves.
Polytech Dijon permet également des admissions à Bac+2 pour les étudiants ayant suivi un cursus de cours préparatoire aux grandes écoles (CPGE), via le concours Polytech Dijon CPGE.
Regroupement d’écoles en lien avec les universités, celles-ci doivent partager des valeurs clés :
À cet effet, chaque école dispense des cours de sciences humaines et d’économie.
Polytech s’est déjà fixé 6 objectifs pour 2030 :
L’ambition d’intégrer le réseau Polytech avait déjà amené l’école à se remettre en question. La création d’une branche robotique en 2020 était liée à cette ambition : pouvoir monter en puissance, proposer des formations innovantes, et augmenter son public. La création d’un nouveau campus au Creusot fait partie de cette nouvelle dynamique.
Pour sa première année d’existence sous ce nom, Polytech Dijon a recruté 100 nouveaux étudiants via le concours commun, soit une augmentation de 35 places, première augmentation dans ses recrutements, qui doit lui permettre d’atteindre le nombre de 1000 étudiants d’ici cinq ans.
Son appartenance de plein droit au réseau Polytech lui permet de proposer des semestres de mobilité inter-écoles en cycle ingénieur, et de bénéficier d’un plus grand nombre de partenaires internationaux.
Enfin, des contacts plus faciles avec les autres écoles du réseau permettent aux étudiants de Polytech Dijon d’avoir accès à des ressources plus importantes, et d’échanger avec d’autres élèves ingénieurs.
Cette tectonique des écoles consistant à créer des groupements de plus en plus puissants, aux effectifs nombreux et aux qualifications complémentaires, s’effectue parfois dans la douleur, comme par exemple dans certaines structures d’enseignement en région parisienne, ou, comme dans le cas de l’ex-ESIREM, avec un réel succès. Il faut cependant spécifier que le réseau Polytech existe depuis vingt ans, et qu’il s’agissait d’y intégrer une nouvelle recrue (vis-à-vis de 15 déjà bien installées dans le réseau) particulièrement enthousiaste à y rentrer. Loin d’unions forcées, générant rancœurs et déstabilisations.
Selon toute vraisemblance, Polytech Dijon devrait donc réussir son pari :