Les épreuves de spécialité du Bac décalées à juin
Le Baccalauréat fait partie du paysage scolaire en France depuis des temps que l’on pourrait qualifier d’immémoriaux. Passage obligé et redouté, il tétanise souvent jusqu’aux […]
/ Lycée
Pour remplacer Pap Ndiaye au ministère de l’Éducation nationale, le Président a choisi Gabriel Attal. À un universitaire reconnu pour la qualité de ses travaux, mais peu au fait des rouages politiques et administratifs, il a opté pour une solution politique. Gabriel Attal est désormais à la barre d’un ministère clé, avec la responsabilité de faire avancer ce lourd vaisseau pour répondre à de très nombreux défis. Son profil de politique aguerri malgré sa jeunesse y suffira-t-il ?
Le parcours de ce jeune loup de la Macronie, issu d’une famille aisée, à l’ascension politique fulgurante, est bien évidemment regardé à la loupe tant par les opposants politiques, que par les syndicats d’enseignants.
Né en 1989 à Clamart, il a fait sa scolarité à l’École alsacienne, pour ensuite intégrer Sciences Po Paris, dont il ressort avec un master 2 en affaires publiques. C’est sur son passage dans une prestigieuse école privée que les premières critiques se sont focalisées. C’est d’ailleurs dans cette école que son prédécesseur, apporte de la mixité sociale, avait placé ces enfants ; ce qui avait déjà provoqué la polémique.
Des élus de droite comme de gauche s’en sont émus. Peut-on diriger le ministère de l’Éducation nationale sans jamais avoir mis les pieds dans l’enseignement public ? Au-delà d’arguments purement politiques et opportunistes, certains s’inquiètent du fait qu’au plus haut sommet de l’État, le modèle semble bien pencher du côté du privé, le président de la république Emmanuel Macron ayant lui même été scolarisé au lycée jésuite de La Providence, tout comme son opposant François Ruffin.
Le tout nouveau ministre n’a pas esquivé la controverse, en expliquant « n’avoir pas à renier ou à s’excuser pour ce choix qu’ont fait ses parents, comme des millions de parents le font chaque année ».
Alors que dans les années 60, rares étaient les ministres issus de l’enseignement privé, depuis le 21e siècle ce parcours est de plus en plus courant. Faut-il s’en inquiéter ? Le prédécesseur de Gabriel Attal avait ainsi commencé à mettre en avant le sujet de la mixité sociale dans l’enseignement en publiant pour la première fois les indices de position sociale en 2022, il a rendu visible un fait : les collèges privés représentent moins de 4 % des établissements les plus défavorisés, mais deux tiers des 10 % les plus favorisés. De quoi donner à réfléchir. Le nouveau ministre saura-t-il et voudra-t-il s’y attaquer, faisant ainsi mentir les critiques ?
Éveillé à la politique lors des manifestations de 2002 contre la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle, son engagement se concrétise en 2006, sur fond de manifestations contre le contrat première embauche.
Il entre au Parti socialiste et milite pour la candidature socialiste de Ségolène Royal aux présidentielles de 2007. Participant à la mouvance de Dominique Strauss-Kahn, soit de la « deuxième gauche », il évolue au sein du parti. À la suite de l’élection de François Hollande à la présidence de la république, il intègre en 2012 le cabinet de la ministre de la Santé, où il travaille pendant toute la durée du quinquennat.
Dès la création du mouvement d’Emmanuel Macron La République en marche, Gabriel Attal quitte le PS et adhère à LREM. Il entre à l’Assemblée nationale en 2017, élu député dans les Hauts-de-Seine. Ses qualités d’orateur, ses prises de paroles offensives le révèlent dans un groupe parlementaire composé majoritairement de novices.
En 2018, Gabriel Attal devient porte-parole de LREM, puis en octobre de la même année, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, devenant le plus jeune membre d’un gouvernement de la cinquième république, à 29 ans. En 2020, il est nommé porte-parole du gouvernement, utilisant largement les réseaux sociaux dans sa mission.
Après la réélection d’Emmanuel Macron à la présidence de la république, Gabriel Attal devient ministre délégué chargé des comptes publics. En juillet 2023, à l’occasion d’un remaniement ministériel, il devient ministre à part entière d’un ministère régalien.
Ex « sniper » du Président, Gabriel Attal reste un des très proches d’Emmanuel Macron. Ce dernier estime que, tout comme la Défense et les Affaires étrangères, l’Éducation fait partie de son domaine réservé. En témoignent les récentes annonces et préconisations faites par le Président lui-même sur les chantiers à conduire en la matière.
Le jeune ministre saura-t-il trouver sa place et faire entendre une musique plus personnelle ? Comment va-t-il « exister » face à un Président omnipotent ? Les mois qui viennent donneront très certainement une réponse rapide à cette interrogation.
Poursuivre la politique engagée par son prédécesseur Pap Ndiaye, rassurer un corps enseignant plutôt découragé, amorcer de nouveaux chantiers… Les défis qui attendent Gabriel Attal ne manquent pas au sein du ministère de l’Éducation Nationale où il est difficile de trouver le consensus !
Lancé par son prédécesseur, le chantier de la revalorisation des enseignants et de l’attractivité de leur métier a tout juste été mis sur les rails au moment de la passation des pouvoirs entre Pap Ndiaye et Gabriel Attal.
Il s’agit d’un dossier particulièrement sensible, puisque l’Éducation nationale peine aujourd’hui à recruter des enseignants, le cru des concours 2023 montrant encore de graves manques : plus de 1100 postes ne sont pas encore pourvus dans le secondaire.
Au programme du ministre : une revalorisation des salaires des enseignants, bien inférieure aux 10 % promis par Emmanuel Macron. Mais le cœur de la revalorisation réside dans le pacte enseignant : en s’engageant à réaliser un certain nombre d’heures sur des missions connexes à leur enseignement, les enseignants verront leurs rémunérations augmenter sur l’année de 1250 € à 3750 €, selon le volume de leur engagement.
Toutefois, rien n’indique que cette mesure soit acceptée par une majorité d’enseignants. D’autant que nombre d’entre eux soupçonnent que, loin d’améliorer la qualité de l’enseignement, elle serve surtout à combler le manque de remplaçants. Il faudra beaucoup de sens politique et une forte volonté pour entraîner un corps de professeurs méfiant.
Comment rendre le métier plus attractif et susciter de nouvelles vocations ? Les syndicats souhaiteraient entre autres que les mutations soient plus faciles et souples, que les enseignants stagiaires soient mieux encadrés et que les salaires soient nettement plus intéressants. Qu’en dira le ministre ?
C’est l’une des premières décisions annoncées par le ministre. Tout en conservant l’esprit de la réforme du Bac, Gabriel Attal a reconnu, tout comme son prédécesseur, que celle-ci posait un gros problème de calendrier. Les élèves de Terminale passant les épreuves de spécialité dès le mois de mars et pouvant connaître les 4/5èmes de leur note au Bac dès avril, se démobilisent largement au dernier trimestre. Au point que 30 % des effectifs manquent en classe en fin d’année.
Le ministre a donc annoncé un glissement des épreuves de spécialité au mois de juin. De même, il lance une réforme du Grand oral, plus axé sur les connaissances acquises au cours du cursus scolaire. Le tout reste maintenant d’organiser ces changements sans bouleverser toute une architecture complexe : problèmes de calendrier, rythme d’apprentissage, questions d’orientation. Toucher à un élément risque de déstabiliser tout l’édifice.
Dossier impulsé par Pap Ndiaye, puis freiné par Emmanuel Macron lui-même, celui de la mixité sociale dans l’enseignement privé reste un sujet brûlant. Il existe aujourd’hui un réel déséquilibre entre le recrutement privé et public, qui contribue à défavoriser ce dernier. Pap Ndiaye avait réussi à produire un protocole d’accord, mais celui-ci ne comportait aucune mesure contraignante pour l’enseignement privé.
Que va faire, et pouvoir faire, le nouveau ministre ? Pourra-t-il faire valoir de l’urgence du problème auprès de son Président ? C’est ce qu’espèrent les syndicats d’enseignants comme les associations de parents d’élèves.
Le contraste est frappant entre l’absence de prise de parole sur la mixité sociale, et l’annonce choc du ministre concernant l’interdiction de l’abaya à l’école et dans le secondaire. Est-ce un moyen pour le ministre d’exister ou une volonté du Président de la République de répondre à des considérations hautement politiques ?
Le harcèlement scolaire est un sujet particulièrement sensible, ayant conduit à plusieurs cas mortels l’année dernière. Pap Ndiaye avait commencé à travailler sur le sujet. Pour l’instant, la seule mesure d’importance entrant en vigueur dès cette année est la possibilité de changer un harceleur d’établissement (et non plus la personne harcelée). Mais comme le soulignait l’ancien ministre, « il reste beaucoup à faire ». Gabriel Attal est attendu sur ce problème grave, en particulier par les associations de parents d’élèves qui souhaitent voir de nouvelles mesures prises rapidement.
C’est le Président de la République qui a annoncé en avril dernier la mise en place d’un « acte 2 de l’école inclusive » : repérage précoce du handicap, formation des enseignants, afin de conduire à plus d’inclusivité.
Mais les observateurs constatent que l’acte 1 de cette même école inclusive qui doit accueillir tous les enfants, quels que soient leurs troubles, ne convainc pas, n’apportant pas de résultats concrets. En cause, un manque de moyens avec des classes surchargées, des enseignants non formés et des AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap) en trop petit nombre.
Verra-t-on enfin, sous l’autorité du nouveau ministre, la mise en place de véritables moyens tant financiers qu’en termes de personnels et de formations ?
En mai dernier étaient dévoilés les axes de la réforme du lycée professionnel : meilleure reconnaissance des enseignants, amélioration de l’insertion professionnelle, lutte contre les élèves décrocheurs.
Mais les mesures suggérées lors de ces annonces ont particulièrement échaudé les esprits : les syndicats estiment que la réforme est lancée dans la précipitation et a pour but caché de réduire l’enseignement théorique en lycée professionnel. Le ministre risque même de faire face à un mouvement social, à moins qu’il ne fasse évoluer sensiblement la réforme.
Gabriel Attal a clairement des qualités essentielles pour un tel ministère : habile communicant, volontaire, courageux, il peut faire avancer des dossiers sensibles, non pas contre, mais avec le personnel de l’Éducation nationale. Reste que de nombreux dossiers sont explosifs et que la latitude d’action du ministre semble réduite dans un champ préempté par le Président.
Une réalité demeure : l’urgence à restaurer la confiance envers une école aujourd’hui en crise.