Qui est Gabriel Attal, le nouveau ministre de l’Éducation nationale ?
Pour remplacer Pap Ndiaye au ministère de l’Éducation nationale, le Président a choisi Gabriel Attal. À un universitaire reconnu pour la qualité de ses travaux, […]
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La revalorisation des salaires des professeurs est un des points importants de la stratégie mise en place par l’Éducation nationale pour lutter contre le déficit des enseignants. Si notre voisin allemand rémunère beaucoup mieux les professeurs, les conditions de travail sont toutefois différentes. L’exemple allemand est-il réellement transposable en France ?
La différence la plus significative entre le modèle français et le modèle allemand est tout d’abord la rémunération des professeurs, surtout pour les entrants dans le métier. En France, un enseignant commence sa carrière à environ 1 500 € net et la terminera à environ 3 100 € net. En Allemagne, le salaire est bien plus attractif : 2700 € net en début de carrière et 4 000 € en fin de carrière. Ainsi, malgré les derniers aménagements des grilles de rémunération des professeurs, comme la création de la « classe exceptionnelle » il y a 5 ans, accessible en fin de carrière et sous conditions strictes (à peine 3 % des enseignants y accèdent) prévoyant un salaire de 3 600 € net, ou encore la dernière promesse du ministère de l’Éducation nationale de garantir un salaire d’au moins 2 000 € net pour les néo-titulaires, la France reste un pays où l’on rémunère mal les enseignants.
En Allemagne, la grille des salaires des professeurs n’est pas fixée de manière nationale : chaque Länder applique sa propre méthode de rémunération, basée surtout sur l’attractivité. À l’inverse, les professeurs français sont tous rémunérés de la même manière, peut importe l’attractivité de l’académie et le coût de la vie. Par conséquent, il n’y a pas vraiment de problème de recrutement en Bretagne alors qu’en Île-de-France le déficit est très important. Les professeurs en région parisienne sont confrontés à des difficultés de logement et très souvent à des conditions de travail plus difficiles, pour un salaire sensiblement identique à leurs collègues de province. L’exemple allemand pourrait en ce sens attirer davantage de professeurs dans les académies souffrant du manque de professeurs.
Si les professeurs allemands sont mieux rémunérés que leurs collègues français pour autant d’heures devant les élèves, ils ont aussi moins de vacances (4 semaines de moins) et ne partent à la retraite qu’après 67 ans. Par ailleurs, les enseignants allemands ont des obligations supplémentaires que n’ont pas les professeurs français : 3 heures par mois de remplacement de collègues absents, la surveillance des récréations et des cantines ou encore la gestion des élèves absents. Ce système de remplacement des professeurs est à l’étude en France, selon une recommandation de la Cour des Comptes afin de pouvoir proposer un salaire plus attractif aux professeurs.
Une des différences entre l’enseignement secondaire français et allemand, et non des moindres, est le double diplôme des professeurs d’outre-Rhin. En effet, les professeurs allemands, à l’inverse des professeurs français (hors lycées professionnels) doivent obligatoirement enseigner deux matières, par exemple l’anglais et les SVT. En Allemagne, il n’est pas rare de trouver des enseignants à la fois de mathématiques et de sport. Ainsi, il n’y a plus vraiment de hiérarchie de matières comme c’est très souvent le cas en France et le système allemand permet par ailleurs de pallier le déficit des professeurs. À ce jour, les syndicats français s’opposent totalement à cette bivalence.
La formation des professeurs allemands et français est assez différente. En effet, l’Allemagne a fait le choix de former davantage ses professeurs à la pédagogie et à la didactique plutôt qu’aux savoirs disciplinaires. D’autres pays, à l’instar de l’Espagne et du Portugal, ont aussi opté pour la valorisation de la formation : l’évolution salariale est calculée en fonction du volume de formations suivies par le professeur. Cependant, tout n’est pas aussi binaire : l’Éducation nationale souhaite aussi mieux former ses enseignants et revoir sa copie. Le chef de l’État s’est par ailleurs exprimé en ce sens : « nous avons demandé des diplômes universitaires excessifs. Il faut désormais assumer que des gens s’engagent dans ce métier dès le Baccalauréat, dans ce beau métier ».