Le niveau des professeurs est-il en baisse ?
Le concours externe de professeurs des élèves s’est déroulé fin mars. Le constat est le suivant : un tiers des candidats ne s’est pas présenté. […]
/ Lycée
Les absences de professeurs à répétition ne s’arrangent guère et à mesure qu’ils ne sont pas remplacés, l’impatience grandit du côté des élèves, mais surtout de leurs parents. Cela fait plusieurs mois que cette situation perdure et que les élèves perdent environ 15 millions d’heures de cours par an pour cause de non remplacement de leurs professeurs. Fin mars, la Première Ministre promettait un plan d’action pour résoudre ce problème majeur. Qu’en est-il réellement ?
De nombreux établissements sont touchés par ce phénomène, qu’il s’agisse d’écoles primaires ou de lycées.
L’école Marcel Doret à Châtillon est particulièrement concernée, puisque les élèves de CM1 ont perdu une dizaine de journées de classe et ont vu se relayer huit professeurs différents depuis la rentrée de septembre. Les parents, indignés, ont tenu à manifester et à alerter l’Éducation nationale, exigeant un dénouement rapide et concret. À un si jeune âge, où les méthodes de travail et de réflexion sont précisément en train de se fonder, il n’est pas tolérable pour ces parents de voir l’éducation de leurs enfants faillir.
Dans la ville de Villejuif, des élèves de l’école maternelle Fernand-Pelloutier comptabilisent quant à eux 26 jours et demi d’absences qui n’ont pas été remplacées.
Les collèges sont aussi bien impliqués, notamment l’établissement Jean-Macé de Saint-Brieuc qui rencontre des difficultés avec les classes Segpa (Section d’enseignement général et professionnel adapté), au sein desquelles ces élèves ont justement besoin d’un accompagnement particulier et assidu, en raison de leurs difficultés scolaires diverses.
Les absences de ces professeurs sont dues à différentes causes. D’une part, il y a ceux qui s’absentent pour des motifs personnels tels que la santé et d’autre part ceux dont l’absence est due à une justification scolaire elle-même, telle que la participation à un jury d’examen, une sortie scolaire ou encore une formation continue.
De fait, quasiment toutes les classes de chaque niveau scolaire peuvent être concernées.
En raison des différents motifs, les absences elles-mêmes diffèrent ; certaines sont de courte durée lorsqu’elles sont inférieures à 15 jours et d’autres de longues durées, au-delà de ce nombre de jours. Selon que les enseignants concernés exercent dans le premier ou dans le second degré, les remplacements sont également traités différemment.
Dans le premier degré, à savoir l’école maternelle et l’école élémentaire, les absences de courte durée se voient prises en charge par un remplacement d’enseignant dans 80% des cas et ce dès le premier jour.
Il n’en est pas autant pour le second degré, soit le collège et le lycée, dont les remplacements sont moins facilement assurés et les absences résultent, la plupart du temps, d’heures perdues.
Pour l’année scolaire 2018-2019 déjà, quasiment 10 heures de cours disparaissaient pour les élèves du secondaire, un chiffre qui ne s’est pas arrangé depuis, malgré les années.
Les raisons scolaires d’organisation évoquées plus haut sont la cause de la plupart des absences de courte durée, tandis que les absences de longue durée sont principalement dues à des motifs de santé.
Les parents et les élèves ayant manifesté et exprimé leur mécontentement ont pu obtenir un rendez-vous, dans certains établissements, avec l’inspectrice de l’Éducation nationale du secteur.
Si les remplacements ont été plus efficaces après cela, les absences, leurs coûts et leurs conséquences ne sont pas pour autant réglées. Il est attendu de la part du gouvernement des solutions concrètes et effectives le plus vite possible.
Celui-ci compte principalement sur le « pacte enseignant », qui consisterait à proposer aux enseignants un minimum d’heures de remplacement à effectuer dans leurs établissements, dans la mesure où ils signeraient cet accord rémunéré dans un système d’heures supplémentaires. Cette issue visant plus ou moins à travailler plus pour gagner plus divise beaucoup les syndicats enseignants, peu convaincus. De plus, ce forfait annuel d’heures de remplacement réglerait seulement les absences de courte durée. Cette solution existe déjà plus ou moins, certains enseignants étant déjà engagés à un certain nombre d’heures de remplacement par semaine.
Le collectif #OnVeutDesProfs avait attaqué l’État en justice l’année dernière, et réclame aujourd’hui des professeurs à l’aide d’actions en référé devant le tribunal administratif.
A l’échelle européenne, la France est loin d’être le seul pays à rencontrer des difficultés face au recrutement d’enseignants. En revanche, son intérêt pour les formations est largement inférieur aux autres pays européens. Ce manque, en étant comblé, permettrait de valoriser les rémunérations grâce à des programmes de formation professionnelle continue.
Les élèves et leurs parents restent inquiets par cette situation, et espèrent tout de même l’efficacité du futur pacte enseignant, a priori mis en place pour la rentrée scolaire 2023/2024. Si cette solution ne fonctionne pas à l’avenir, le gouvernement devra apporter de nouvelles idées afin d’apporter des solutions concrètes.