La nouvelle réforme de la formation des professeurs du second degré attirera-t-elle plus de candidats ?

Lycée
  • Accueil
  • Lycée
  • Actualités
  • La nouvelle réforme de la formation des professeurs du second degré attirera-t-elle plus de candidats ?

Début avril 2024, le Président de la République annonçait une réforme d’importance dans la formation initiale des enseignants et en particulier dans celle des professeurs du second degré. Destinée à répondre au manque d’attractivité d’une profession dont le statut n’a cessé, aux yeux de l’opinion publique, de se dégrader, une telle mesure peut-elle inverser une tendance qui dure depuis plusieurs années et voit un nombre de candidats au concours inférieur au nombre de postes ?

Comment sont formés les enseignants du second degré aujourd’hui ?

Aujourd’hui, les concours du second degré sont ouverts aux candidats disposant d’un Master 2. Deux voies sont possibles dans leur parcours.

Choisir un master spécifique à l’enseignement

La voie principale pour devenir enseignant du second degré en France passe aujourd’hui par l’obtention d’un Master 2 Métiers de l’Enseignement, de l’Éducation et de la Formation (MEEF). Ce master est spécifiquement conçu pour préparer les étudiants aux complexités du métier d’enseignant. Il dispense des cours autour des valeurs de la République, de la citoyenneté, de sensibilisation au développement durable et des connaissances sur les parcours des élèves : processus d’apprentissage, orientation. À ceux-ci viennent s’ajouter des enseignements théoriques spécifiques sur les disciplines d’enseignement, la pédagogie, etc.

Durant les deux années de master, les futurs enseignants doivent également compléter plusieurs stages en milieu scolaire : 4 à 6 semaines en première année de Master, puis une seconde année en alternance.

Pour pouvoir exercer dans le public, les candidats doivent à la fois valider leur Master 2 et réussir leur concours. Les étudiants ne sont pas payés pendant leur période de master. La réussite au concours leur permet de devenir professeurs stagiaires pour une année scolaire à l’issue de laquelle ils pourront être titularisés.

Passer les concours sans avoir suivi le master métier de l’enseignement

Il est également possible de se présenter aux concours de l’agrégation et du CAPES avec un Master 2 obtenu dans une autre discipline que l’enseignement. Ce parcours est souvent choisi par ceux qui décident tardivement de se tourner vers l’enseignement et qui souhaitent enseigner une discipline spécifique comme les Mathématiques, l’Informatique, les Sciences Économiques et Sociales ou la Physique-Chimie par exemple. Si le candidat réussit le concours, il entame une première année en tant que professeur stagiaire. Durant cette période, il enseigne à temps partiel dans un établissement tout en suivant des formations complémentaires dans un Institut Supérieur du Professorat et de l’Éducation (Inspé).

Au terme de cette année de stage, s’il est jugé compétent, il est affecté à plein temps dans un établissement scolaire. En début de carrière un professeur du public reçoit une rémunération mensuelle de l’ordre de 1 800 € net.

Pourquoi estime-t-on nécessaire de réformer la formation initiale des professeurs ?

Dans un contexte de crise du recrutement persistante qui nourrit le manque croissant d’enseignants, le gouvernement voit la réforme de la formation des professeurs comme une nécessité urgente.

D’après les données fournies par le ministère de l’Enseignement supérieur, le nombre d’inscriptions en Master de l’Enseignement, de l’Éducation et de la Formation (MEEF) a chuté de près de 17 % entre 2021 et 2022. Cette désaffection est attribuée à plusieurs facteurs, dont la difficulté du métier, son manque de valorisation, ses faibles rémunérations ainsi que des formations longues et difficiles.

En annonçant la réforme, le Président de la République a souligné que le système actuel, avec un concours à la fin du Master 2 et des filières diversifiées, n’était peut-être pas optimal. « Le système que nous avons adopté ces dernières décennies n’était sans doute pas le meilleur. Pourquoi ? Parce qu’en fait, il faisait naviguer les enseignants pendant cinq ans post-Bac avec des filières qui étaient diverses et variées ? On avait un concours qui était à la fin du Master 2 et on avait beaucoup d’enseignants qui pendant plusieurs années étaient sortis des savoirs fondamentaux donc c’est difficile de les transmettre », a-t-il déclaré.

Mais la formation est-elle réellement une cause majeure de la faible attractivité du métier ? En 2023, un sondage réalisé par la Cour des comptes révèle que les principaux facteurs de rejet du métier d’enseignant sont les salaires insuffisants (57% des sondés), les conditions de travail difficiles (63%), et le manque de reconnaissance du métier (54%). Seuls 21% des répondants considèrent que le niveau de diplôme exigé est trop élevé et 16% voient le concours comme un obstacle majeur.

Quels sont les fondamentaux de la réforme de la formation des professeurs ?

Le gouvernement prévoit de positionner les concours de recrutement des professeurs, le CAPES et l’Agrégation, dès la troisième année de licence. Cette initiative est une réponse à l’appel pour un accès plus précoce et structuré à la préparation des concours. Une fois le concours réussi, les étudiants poursuivront deux années de formation en tant que fonctionnaires stagiaires. Pendant ces deux années, ils préparent leur Master tout en commençant graduellement à prendre des responsabilités sur le terrain. Au cours de la première année de master (M1), les stagiaires passeront environ 1,5 jour par semaine en stages d’observation et de pratique accompagnée. Puis en M2, ils seront 2,5 jours par semaine en responsabilité directe. Pendant ces deux années de Master, les étudiants stagiaires bénéficieront d’une rémunération progressive, passant d’environ 1400 € net par mois en M1 à plus de 1800 € net par mois en M2. De plus, ces deux années de service seront comptabilisées dans le calcul des droits à la retraite, avantage non négligeable dans une carrière.

Cette réforme a suscité des réactions ambivalentes parmi les acteurs clés du secteur éducatif. Ainsi le syndicat SUD Éducation se réjouit que les concours soient organisés en troisième année post-bac. Selon plusieurs syndicats, en effet, le passage obligé par un master pour tenter une carrière dans l’éducation aggravait la sélection sociale et dégradait la formation des étudiants qui devaient à la fois poursuivre leurs études et préparer les concours. À l’inverse, Guislaine David, secrétaire générale du premier syndicat du primaire, la FSU-SNUipp, a qualifié la réforme de « contre-productive », craignant que la spécialisation précoce ne limite le nombre de candidats. Tous se retrouvent dans une circonspection critique vis-à-vis des enseignements qui seront effectivement prodigués.

Le calendrier de mise en œuvre de la réforme de la formation des professeurs reste flou, mais il semble que le gouvernement envisage une montée en puissance graduelle. Selon le Président et son entourage, le nouveau format du concours devrait être mis en place dès la rentrée 2024 mais rien n’est encore officiel, pour le moment. Pourtant, tant que le métier d’enseignant ne disposera pas d’une image revalorisée, son attractivité risque de demeurer assez faible. Cette première réforme d’importance est un point de départ sans doute positif. Encore faut-il qu’il soit suivi de changements d’importance dans les rémunérations et l’organisation du travail des enseignants.

Actualités Lycée

Lycée

La pénurie de professeurs plane sur la rentrée scolaire 2024-2025

La rentrée scolaire 2024-2025 a-t-elle vu un enseignant devant chaque classe ? Sans vouloir divulgâcher ce beau suspens, voici un indicateur parlant : cette année, nul […]

Lycée

Le redoublement peut-il être utile pour les lycéens ?

Alors qu’elle avait mauvaise presse depuis le début des années 2000, la notion de redoublement est revenue au-devant de l’actualité lors de l’annonce du « choc […]

Lycée

À quoi servent les annotations des enseignants sur les copies des élèves ?

Cela fait partie des éléments qui ont peu changé depuis les débuts de l’école publique. Les annotations des enseignants sur les copies des élèves restent […]

Identifiez-vous

 


Mot de passe oublié

Mot de passe oublié ?