La pénurie de professeurs plane sur la rentrée scolaire 2024-2025
La rentrée scolaire 2024-2025 a-t-elle vu un enseignant devant chaque classe ? Sans vouloir divulgâcher ce beau suspens, voici un indicateur parlant : cette année, nul […]
Quelques jours après avoir déroulé son programme de « choc des savoirs », Gabriel Attal, alors ministre de l’Éducation, annonçait début décembre le lancement d’une expérimentation du port de l’uniforme à l’école, au collège et au lycée. Celle-ci, prévue pour la rentrée 2024, a rapidement enflammé les esprits et suscité des polémiques, aujourd’hui encore bien vivaces. Quels sont les arguments des promoteurs et des détracteurs d’une telle mesure ?
L’année 2024 marque donc le début d’une expérience inédite, du moins depuis cinquante ans, dans le paysage éducatif français, le test du port de l’uniforme dans une centaine d’établissements scolaires volontaires. Il est vrai que le système scolaire français n’est pas au mieux de sa forme et face à une légitime inquiétude, le gouvernement cherche des réponses. Les questions d’inégalités sociales qui se jouent au sein des écoles, collèges et lycées, les problèmes liés à la laïcité, les violences et comportements inappropriés au sein des établissements perturbent la scolarité de millions d’élèves, le port de l’uniforme est-il une réponse efficace à ces problèmes ?
C’est justement pour le savoir qu’une expérimentation grandeur nature sera lancée à la rentrée 2024. Celle-ci, prévue pour durer deux ans, sera scrutée de près. Un comité de pilotage composé de représentants des élèves, des parents d’élèves, des enseignants, et des collectivités territoriales évaluera régulièrement les retours et ajustera le tir si nécessaire.
À l’heure actuelle, moins de 90 établissements ont donné leur accord. Parmi eux, une petite dizaine de lycées d’enseignement général ou professionnel. Les résistances sont importantes et les difficultés d’autant plus grandes que cette obligation du port d’un uniforme doit être inscrite dans le règlement intérieur des lycées. Entre rébellion des parents d’élèves, montée des professeurs au créneau, frilosité des collectivités territoriales, de nombreux projets ont déjà été annulés.
On assiste en effet à une opposition frontale entre les tenants de l’uniforme paré de toutes les vertus et devenant à leurs yeux un élément central pouvant modifier le climat scolaire, et ses adversaires qui alignent des arguments contraires.
Du côté des « pour », quatre idées reviennent régulièrement, susceptibles de combler certaines défaillances du système scolaire français.
Tout le monde ne l’entend pas de cette façon et nombre de parents et de chercheurs réfutent les arguments précédents, avançant quant à eux les effets néfastes de l’uniforme.
Le port de l’uniforme au lycée est une tradition ancrée dans le système éducatif de nombreux pays à travers le monde, petit tour d’horizon.
Au Royaume-Uni, dans la plupart des établissements scolaires britanniques, les élèves portent un uniforme. Cette tradition ancienne de plus de quatre siècles n’a plus de visée particulière, elle est une institution à part entière. À la différence de la France, si les uniformes sont présents dans plus de 80% des lycées, les signes religieux y sont autorisés. Les uniformes au Royaume-Uni sont souvent composés de blazers, de chemises, de cravates, de jupes pour les filles et de pantalons pour les garçons. De nombreux pays du monde anglo-saxon ont également adopté l’uniforme à l’anglaise.
En Australie et en Nouvelle-Zélande, le port de l’uniforme au lycée est également une pratique courante. Comme d’autres pays du Commonwealth, les styles varient d’une école à l’autre, mais incluent généralement des chemises, des shorts ou des jupes, et des chapeaux pour se protéger du soleil, une préoccupation spécifique à ces régions. De même, dans les anciennes colonies britanniques, on conserve l’uniforme : la Malaisie, l’Inde, l’Afrique du Sud imposent encore aujourd’hui les uniformes dans une majorité de leurs lycées.
Au Japon, tous les lycées ou presque ont rendu obligatoire la tenue unique, veste à écusson, jupes pour les filles et pantalon droit pour les garçons. À ceci s’ajoute un cartable uniforme à porter au dos et dont le coût est très élevé.
À Singapour comme aux Philippines, le port de l’uniforme au lycée est obligatoire et est vu comme un moyen de promouvoir la discipline et le respect des règles scolaires. Ces uniformes sont généralement simples et fonctionnels, conçus pour résister au climat tropical tout en promouvant une image soignée des élèves.
Enfin, plusieurs pays africains qui n’ont rien à voir avec l’ex-Empire britannique, dont la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, imposent également le port de l’uniforme au lycée.
Reste à attendre désormais 2026 pour en connaître un peu plus sur l’efficacité de cette réforme et l’avenir de l’uniforme dans les lycées français.