Qui est Gabriel Attal, le nouveau ministre de l’Éducation nationale ?
Pour remplacer Pap Ndiaye au ministère de l’Éducation nationale, le Président a choisi Gabriel Attal. À un universitaire reconnu pour la qualité de ses travaux, […]
/ Lycée
L’intrusion du numérique dans tous les domaines de notre vie a subi une accélération impressionnante au cours de la dernière décennie. Cela implique que nous apprenions non seulement à en utiliser les ressources, mais également à en comprendre toutes les implications : en tant que consommateurs, citoyens, travailleurs ou vacanciers, il n’est plus une seule activité individuelle ou collective exemptée d’informatique. Il est naturel, dans un tel contexte, que l’Éducation nationale fasse en sorte d’adapter l’enseignement à cette révolution. L’annonce en 2022 d’une « nouvelle stratégie numérique pour l’éducation » participe de cet effort.
L’Éducation nationale n’en est pas à son coup d’essai en matière de stratégie numérique. Depuis le début des années 2000, des rapports et des initiatives se sont ainsi succédés. Dès juillet 2022, l’inspection générale de l’Éducation nationale publiait : « L’école et les réseaux numériques » ; une mission e-Educ proposait en 2008 un plan « Pour le développement du numérique à l’école », tandis qu’en 2012 des chercheurs proposaient un « Suivi de la mise en œuvre du plan de développement des usages du numérique à l’école ». Toutefois, mises à part des initiatives locales, il ne semble pas que de grandes politiques en la matière aient réellement été mises en œuvre sur ce point avant le milieu des années 2010.
C’est avec la loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République du 8 juillet 2013 que l’ambition de prendre en considération cette nouvelle donne numérique et d’en faire un atout est proclamée pour la première fois. En substance, la loi promet « l’instauration d’un service public de l’enseignement numérique — qui — modifiera en profondeur les pratiques pédagogiques ». S’ensuivra un plan numérique 2015-2018 dédiant 1 milliard d’euros à cette transformation.
Mais ces premières initiatives semblent avoir en partie manqué leur but. C’est ce que sous-tendait un rapport de la Cour des comptes de juillet 2019. Si la Cour constate bien une forte progression des investissements publics en faveur du numérique éducatif, elle déplore que l’essentiel des dépenses ait consisté dans le financement d’équipements de certaines classes et de certains élèves selon une logique peu sélective. A contrario, pas de stratégie bien définie. Il était ainsi reproché au Ministère et aux collectivités publiques les fortes inégalités d’équipement sur le territoire, l’absence de visibilité des ressources numériques, le manque de formation des enseignants…
Le plan numérique 2015-2018 puis d’autres mesures ont progressivement permis d’intégrer des logiciels et des ressources numériques dans le processus d’enseignement. L’objectif étant de rendre l’apprentissage plus interactif et surtout de permettre aux élèves d’apprendre à « vivre avec » le numérique selon trois impératifs : savoir l’utiliser, le comprendre et pouvoir développer une vision critique.
Cependant, malgré ces efforts et quelques progrès, de nombreux défis sont restés sans réponse :
Il est vrai que modifier en profondeur l’ensemble des canons pédagogiques dans un secteur aussi complexe, éclaté et sensible que celui de l’éducation est presque affaire de Titans ! La nouvelle stratégie numérique de l’Éducation nationale cherche à tirer les enseignements des difficultés passées pour proposer une vision plus claire et complète de ce que pourrait être une école de l’ère numérique.
C’est dire si l’ambition de cette nouvelle stratégie numérique est grande. Élaborée pour la période 2023-2027, elle vise en particulier à garantir l’égalité des chances en matière d’accès et d’utilisation des technologies numériques et à préparer les élèves aux métiers du numérique et aux défis de la société de l’information.
La nouvelle stratégie veut, plus particulièrement, s’attaquer à quatre chantiers qui, menés en parallèle, devraient permettre de transformer de fond en comble l’école.
1 – Renforcer la coopération nationale et locale entre acteurs de l’éducation autour de projets pédagogiques numériques. Les constats précédents montraient de très fortes disparités selon les territoires et des implications très variables selon les collectivités locales.
2 – Développer les compétences numériques des élèves :
3 – Fournir aux professeurs une offre claire mêlant outils et ressources numériques. Il s’agit ici d’organiser de façon fonctionnelle le « dédale de l’offre de ressources numériques » que critiquait la Cour des comptes.
4 – Développer la « robustesse, la sécurité, l’accessibilité, la qualité et l’écoresponsabilité des outils informatiques du ministère » afin de simplifier le travail des agents.
À chaque défi correspond un axe comprenant des objectifs concrets destinés à y répondre.
1 – Un écosystème engagé au service d’une politique publique partagée.
Au-delà d’une sémantique très « communicante » et cochant les bonnes cases (« engagé », « partagé »), ce premier axe cherche principalement à installer une organisation garantissant à la fois une équité de traitement et d’équipement. Ainsi, il s’agit de :
2 – Un enseignement du numérique qui développe la citoyenneté et les compétences numériques. Autrement dit, la stratégie numérique doit s’intégrer dans l’ensemble du parcours d’éducation en :
3 – Une communauté éducative soutenue par une offre raisonnée, pérenne et inclusive. D’une certaine manière, c’est un peu du programme pédagogique que dévoile ce troisième volet :
4 – De nouvelles règles du jeu pour un système d’information ministériel au service des utilisateurs. Le rôle du Ministère est en effet déterminant et moteur pour que l’École dans son entièreté parvienne à :
La nouvelle stratégie numérique de l’Éducation nationale se distingue par plusieurs innovations majeures.
Premièrement, elle place l’accessibilité au cœur de ses priorités, en s’assurant que tous les élèves, y compris les plus fragiles et ceux en situation de handicap, puissent bénéficier des opportunités offertes par le numérique.
Deuxièmement, elle prévoit une formation plus poussée pour les enseignants, afin qu’ils soient mieux préparés à intégrer le numérique dans leurs pratiques pédagogiques et à accompagner leurs élèves dans l’apprentissage des compétences numériques.
Troisièmement, elle intègre une dimension écoresponsable et sécuritaire, en sensibilisant les élèves aux bonnes pratiques et aux enjeux liés à l’utilisation des technologies numériques.
La nouvelle stratégie numérique va radicalement transformer le paysage de l’Éducation nationale. Elle va permettre de démocratiser l’accès aux outils numériques, d’augmenter l’engagement et l’efficacité des élèves, de renforcer les compétences numériques de toute la population scolaire et de sensibiliser les élèves aux enjeux de sécurité et d’écoresponsabilité.
La nouvelle stratégie numérique de l’Éducation nationale se distingue par plusieurs innovations majeures.
L’accessibilité est l’une de ses priorités. Elle doit permettre de s’assurer que tous les élèves, y compris les plus fragiles et ceux en situation de handicap, puissent bénéficier des opportunités offertes par le numérique. Elle place ainsi l’égalité, l’inclusion et l’éthique au cœur de l’enseignement numérique.
Elle prévoit une véritable formation plus poussée pour les enseignants, afin qu’ils soient mieux préparés à intégrer le numérique dans leurs pratiques pédagogiques et à accompagner leurs élèves dans l’apprentissage des compétences numériques.
Enfin, elle intègre une forte dimension écoresponsable et sécuritaire, en sensibilisant les élèves aux bonnes pratiques et aux enjeux liés à l’utilisation des technologies numériques.
En cela, cette stratégie représente un grand pas en avant. Elle aborde les défis du numérique de manière globale et ambitieuse, tout en cherchant à s’adapter aux spécificités de l’éducation.
Toutefois, comme dans les vastes programmes indiquant le cap des politiques publiques, tout dépend et dépendra des moyens financiers qui seront investis. Plus ils seront importants, plus cela montrera une réelle volonté et plus les chances d’aboutir à des résultats probants seront grandes.
La mise en œuvre de la nouvelle stratégie numérique doit débuter avec l’année scolaire 2023-2024. Cependant, son déploiement se fera de manière progressive, avec une évaluation régulière des améliorations réalisées et des ajustements nécessaires. Elle est prévue pour atteindre ses pleins effets à l’issue des cinq ans qui doivent voir une montée en puissance des investissements et des mesures.
Rendez-vous en 2027 pour savoir si ces ambitions à la mesure des enjeux considérables auxquelles elles répondent auront atteint leurs objectifs. Il s’agit ni plus ni moins de mettre une société tout entière, par l’intermédiaire des plus jeunes, sur les rails de la modernité numérique !