Comment ont évolué les effectifs scolaires dans le second degré depuis trente ans ?

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Les services statistiques du ministère de l’Éducation nationale publient régulièrement des données sur les effectifs scolaires et leur évolution. Une transparence qui permet de mieux saisir la réalité des enjeux actuels en matière d’enseignement. On parle en effet depuis quelques années d’un système à bout de souffle, manquant de moyens, et peinant à remplir sa tâche de manière optimale. Est-ce dû à un accroissement du nombre d’élèves ? À un manque de professeurs ? À une organisation défaillante qui pousserait de plus en plus de familles à choisir le privé ? Voici quelques pistes de réponse.

Peut-on expliquer la dégradation des conditions d’enseignement par une montée continue du nombre d’élèves ?

En 1994, collèges et lycées recevaient 5 599 290 élèves. Près de 30 ans plus tard, en 2023, l’effectif global du second degré était de 5 417 844. Donc, un peu moins. C’est en réalité entre 1960 et 1966, puis entre 1985 et 1990 que les lycées en particulier ont connu la plus forte croissance. Les effectifs ont ensuite lentement décru pour atteindre un point bas en 2009, avec 5 331 729 élèves.

Depuis 2010, la courbe remonte progressivement, suivant l’évolution des taux de fécondité. Cet indicateur est le rapport du nombre de naissances vivantes d’une année donnée sur la population totale moyenne de l’année. En 1970 et 1971, ce taux était de 2,55, ce qui explique en partie le « boom » des entrées au lycée en 1985. Il a diminué jusqu’en 1990 (1,77) puis 1994 (1,68). Il a ensuite fluctué, remontant à 2,03 en 2010, puis amorçant une nouvelle décrue (1,68 en 2023).

On ne peut donc pas expliquer le débordement actuel du système scolaire par un trop-plein inédit d’élèves. Est-il la conséquence, comme de nombreux signaux semblent l’indiquer, d’une diminution du nombre de professeurs ? Nous n’avons malheureusement que des données sur les taux d’encadrement, c’est à dire :

  • le nombre total des élèves d’un niveau d’enseignement d’une année,
  • rapporté au nombre d’enseignants en équivalent temps plein en poste au même niveau d’enseignement et dans le même type d’établissement.

Il s’agit d’un indicateur très partiel qui mélange des enseignants de toutes les matières et de tous les niveaux. Il peut très bien y avoir pléthore de professeurs d’une matière et un manque dans une autre. On voit cependant qu’en 1990, le taux d’encadrement, après une période de forte montée des effectifs, était de 7,7. A priori, plus celui-ci est faible, plus cela signifie que les enseignants sont en nombre optimal.

Or ce taux est monté très rapidement pour se positionner au-delà de 12 dès le début des années 2000. Depuis, il n’a que très peu évolué, atteignant un taux de 13,2 en 2022. Il y a donc bien eu, entre le début des années 1990 et 2000, une dégradation importante dans ce ratio. Cela peut être dû à une diminution du nombre de professeurs, ainsi qu’à une indisponibilité plus grande de professeurs en activité. Or c’est depuis le début des années 2000 que l’Éducation nationale peine à recruter de nouveaux enseignants. Le malaise vient certainement de ce problème, qui est venu augmenter la pression et le poids du travail sur les professeurs.

Est-il vrai qu’une partie très significative des élèves s’est tournée vers le secteur privé sous contrat ces dernières années ?

Journaux télévisés et radios se plaisent régulièrement à faire état d’une augmentation importante des élèves de collège et lycée optant pour des établissements privés. La faute à une carte scolaire dont nombre de parents chercheraient à éviter les effets prétendument négatifs pour l’avenir de leurs enfants. Quelques chiffres montrent une réalité tout autre. En 1993, l’enseignement privé sous contrat recevait 1 162 360 élèves en collège et lycée, alors que les établissements publics enseignaient à 4 639 073 jeunes. En 2023, les chiffres étaient pour le privé de 1 214 180 élèves, contre 4 465 150 dans le public. Soit une légère progression dans les deux types de collèges et lycées.

De fait, si la proportion du privé a légèrement augmenté sur les trente dernières années, passant de 20,04 % en 1993 pour atteindre 21,38 % en 2023, cette évolution est restée très faible (+1,3 point en 30 ans). On note que c’est à partir de 2005 que la courbe a commencé à progresser, passant à 20,55 % d’effectifs dans le privé. En 2010, elle atteignait 21,28 % pour ensuite rester à peu près étale jusqu’à un pic en 2021 (21,5 %).

Il est également à noter que cette progression s’est plutôt effectuée du côté des collèges : en 1993, 20 % des collégiens et 21 % des lycéens étudiaient dans le privé. Cette proportion est passée en 2023 à 22 % pour les collégiens (+ 2 points) alors qu’elle est restée quasiment stable (+0,4 point) pour les lycéens.

On ne peut donc parler d’un phénomène massif ni récent. Toutefois, il reste à observer l’évolution à venir de cette courbe, pour mesurer l’éventuel discrédit de l’enseignement public.

Plus intéressante est sans doute la forte diversité des effectifs des deux secteurs, public et privé, selon les régions. On constate sur le tableau suivant qu’en Bretagne, près de la moitié (43 %) des élèves vont dans des établissements privés. C’est également le cas des Pays de Loire, qui participent à la même histoire, avec 41 % de leurs collégiens et lycéens ayant rejoint le privé. Aucune de ces deux régions n’a vu encore régresser l’enseignement public en 30 ans.

Par contre, on constate que des régions comme la Bourgogne Franche Comté, les Hauts de France, l’Ile de France et PACA voient l’attrait vers le privé croître de 2 à 3 points. Il existe donc bien dans ces régions une petite dynamique défavorable au public.

 

PART DES EFFECTIFS DANS LE PRIVÉ (EN%)
RÉGION 1994 2023
Auvergne R Alpes 23,8 24,9
Bourgogne F Comté 13,7 16
Bretagne 43 42,7
Centre Val-de-Loire 14,3 14,9
Corse 7,5 5,6
Grand Est 14,4 16,2
Hauts de France 20,3 24
Ile de France 16,8 19
Normandie 18,4 19,5
Nouvelle Aquitaine 16,6 17,7
Occitanie 18,4 17,8
Pays de la Loire 41,1 41,6
Provence Alpes Côte d’Azur 16,8 19,1

 

Il ressort de cette analyse quantitative, qui nécessiterait un travail plus qualitatif pour creuser certaines données, que la démographie n’est pas un facteur ayant participé à la détérioration des conditions d’enseignement et de l’image du secteur public. Les moyens mis en œuvre sans doute insuffisants, surtout en zones d’éducation prioritaire ainsi que les réformes successives et incessantes sont certainement à pointer pour expliquer la faible appétence des étudiants à embrasser une carrière professorale, et l’attractivité du secteur privé.

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