Le bilan de Parcoursup 2024

Terminale

Aboutissement d’une démarche entamée dès la Seconde concernant l’orientation, l’inscription sur Parcoursup puis la formulation de vœux pour les études supérieures est devenue l’un des grands piliers de la Terminale. La plateforme, créée en 2018, centralise l’ensemble des demandes d’admission dans les formations de l’enseignement supérieur. Centralisant plus de 20 000 formations, elle facilite la gestion des candidatures pour les établissements et permet aux élèves une — relative — simplicité et un lieu unique pour déposer leurs dossiers. Après de premières années de fonctionnement suscitant la polémique et laissant un certain nombre de lycées sans formation, qu’en a-t-il été de l’édition 2024 ?

Parcoursup, la plateforme de tous les espoirs et toutes les inquiétudes

Comment était organisé Parcoursup en 2024 ?

L’organisation du parcours d’orientation des lycéens différait peu de celle de l’année précédente. Le principe reste le même :

  • La création du dossier de l’élève sur Parcoursup en début d’année 2024,
  • La demande de vœux : choix de l’établissement et de la filière. Le nombre de vœux est limité à 10, mais un certain nombre de formations étant prodiguées dans différents établissements, il est alors possible de faire des sous-vœux (la même formation dans 2, 3, 4 établissements ou plus). Le dépôt des vœux s’effectuait entre le 17 janvier et le 14 mars 2024.
  • La confirmation des vœux, du 15 mars au 3 avril. Confirmer ses vœux pendant cette période est impératif. Pour chacun d’entre eux, le candidat devait compléter son dossier et rédiger son projet de formation motivé, ou lettre de motivation. Sans confirmation de vœux, la candidature n’est pas transmise.
  • À partir du 30 mai, les établissements envoyaient leurs propositions d’admission. Cette phase principale d’admission s’étalait jusqu’au 12 juillet. Les propositions arrivaient au fil de l’eau, selon le processus suivant : une formation reçoit plus de candidatures qu’elle n’a de place. Elle envoie dès le premier jour une proposition aux candidats les mieux placés. Mais parmi ceux-ci, un certain nombre se désiste pour choisir une autre formation. Ainsi, il est certain que des places se libèrent ; à chaque désistement, une proposition est alors envoyée à un autre candidat, etc.
  • Dès le 11 juin débutait la phase complémentaire d’admission ; ceux n’ayant reçu aucune proposition d’admission pouvaient alors formuler de nouveaux vœux dans les formations proposant encore des places. Cette phase se clôturait le 12 septembre.

Plusieurs points étaient susceptibles de générer un certain stress chez les candidats, au même titre que les années précédentes :

Un délai très court pour accepter ou refuser une proposition : de fait, cette année, les candidats disposaient de 2 jours pour le faire. L’absence d’intervention dans ce délai annulait la proposition. Comment choisir : opter pour une formation correspondant moyennement à son désir, mais certaine ? Ou abandonner cette opportunité en espérant que d’autres propositions plus intéressantes seront faites ?

Des réponses des établissements à bien décrypter. Les candidats pouvaient en effet recevoir de la part d’un établissement cible différents types de message :

  • Oui : s’il confirme, il est admis directement dans la formation souhaitée ;
  • Oui, si : cela n’est possible que pour les formations non sélectives, comme les licences, LAS, PASS. Le candidat est admis sous condition. Pour valider son admission, il doit accepter de suivre un parcours adapté au sein de la formation (stage de mise à niveau, cursus adapté,…)
  • En attente : c’est la fameuse liste d’attente. Il faut consulter chaque jour sa position dans la liste d’attente pour évaluer ses chances de parvenir à l’admission in fine.

Une évolution positive des modalités de Parcoursup

En six ans, Parcoursup a gagné en notoriété et en fluidité, sans pour autant réduire la part de stress vécue par chaque lycéen. Car c’est bien concrètement ici que se joue leur avenir. Rappelons que ce dispositif est venu remplacer le système Admission Post-Bac dont la fonction était la même — déposer ses vœux de formation et les transmettre aux établissements concernés —, mais pas le fonctionnement. En particulier, les lycéens devaient hiérarchiser leurs vœux, ce qui pouvait à la fois diminuer l’ambition d’un certain nombre d’entre eux (en positionnant en tête les formations moins prestigieuses, mais plus accessibles par exemple), et permettre une acceptation rapide si les établissements placés en tête des vœux n’étaient pas très exigeants.

Le fait de ne plus avoir à effectuer une telle hiérarchisation, avec Parcoursup, a un avantage évident : les élèves n’ont plus à se torturer pendant des semaines pour savoir quel choix positionner en tête. Mais un inconvénient réel : si les meilleurs élèves sont généralement acceptés dès le premier soir des réponses, de nombreux lycéens se retrouvent pendant un moment sans acceptation, sur des listes d’attente pour tous leurs vœux. Ce qui n’est pas la meilleure façon de diminuer l’anxiété.

Ceci établi, il faut souligner les avancées réelles de la plateforme. Ainsi en 2024, on a pu noter des évolutions favorables aux candidats.

  • Plus de transparence dans la gestion de la liste d’attente. Cette année, les candidats pouvaient consulter les statistiques de l’année précédente, et y trouver d’une part la position dans le classement 2024 du dernier candidat ayant reçu une proposition d’admission, et d’autre part la position dans le classement du dernier candidat qui a reçu une proposition d’admission en 2023. À partir de ces données, l’élève peut élaborer une stratégie lui permettant d’évaluer s’il a ses chances.
  • Un autre point positif est l’introduction d’un site d’entraînement, destiné à préparer les élèves aux différentes étapes de la procédure Parcoursup. Ce site propose des ressources pédagogiques pour mieux comprendre le fonctionnement de la plateforme, formuler leurs vœux de manière stratégique, et se familiariser avec les attentes des formations visées. Les témoignages des équipes pédagogiques confirment que cet outil a contribué à une meilleure prise en main de la procédure et a réduit les erreurs fréquentes dans la formulation des vœux.
  • Un calendrier resserré. Rien n’étant pire que l’attente pour les candidats, le ministère de l’Éducation nationale a fait en sorte que les établissements soient particulièrement réactifs dans leurs propositions. Cela semble avoir fonctionné : 72 % des lycéens ayant reçu au moins une proposition pendant la phase principale d’admission en ont reçu une dès le premier jour (le 30 mai).

La question du calendrier du Baccalauréat reste patente

Jusqu’en 2023, les deux épreuves de spécialité du Baccalauréat se déroulaient en mars, afin de pouvoir intégrer leurs notes dans le dossier Parcoursup. Ce calendrier était très décrié, pour un double effet négatif :

  • Il obligeait les professeurs de spécialité à terminer le programme de l’année en à peine un trimestre et demi,
  • Il démotivait de nombreux élèves à suivre les cours de fin d’année (fin avril, mai, début juin) dès leurs notes connues : soit ils étaient assurés d’avoir une moyenne suffisante pour réussir le Bac, soit au contraire, estimant qu’ils ne l’auraient pas, ils se préparaient à redoubler. D’où un fort absentéisme au troisième trimestre.

De façon logique, le calendrier a été modifié en 2024, toutes les épreuves du Bac se déroulant en juin. C’est une décision rationnelle, mais qui vient entrer frontalement en collision avec les premiers résultats Parcoursup. De nombreux élèves se trouvant soit mal placés sur une liste d’attente, soit sans aucune proposition au moment de passer les épreuves du Baccalauréat se disent très démotivés, certains préférant renoncer et redoubler pour présenter un meilleur dossier Parcoursup l’an prochain.

Le bilan Parcoursup 2024 : les chiffres clés

Un nombre d’inscriptions en hausse

Cette année, ce sont 648 000 élèves de Terminale qui se sont inscrits sur la plateforme, soit 12 000 élèves de plus qu’en 2023. Cette croissance est directement liée à l’augmentation du nombre d’élèves en Terminale en 2023-2024 (+2 %). En détail, cela concerne :

  • 382 317 élèves de Terminale Générale,
  • 146 817 de Terminale Technologique,
  • 118 895 de Terminale Professionnelle.

De même, le nombre d’inscrits ayant confirmé au moins un vœu entre le 15 mars et le 3 avril est en légère progression : 626 000 (96,6 %), soit 15 000 de plus qu’en 2023, essentiellement pour la même raison d’une hausse globale des effectifs de Terminale. La répartition des confirmations montre des écarts significatifs selon les trois filières :

  • 98,9 % en voie générale,
  • 96,8 % en voie technologique,
  • Mais seulement 88,9 % en lycée professionnel.

Un nombre de vœux moyen par élève assez stable

En 2024, la moyenne de vœux par candidat s’établit à 13,4, au même niveau que l’an dernier (13,5 en 2023). Toutefois, cette moyenne cache aussi une disparité importante selon le type d’enseignements.

  • Les lycéens de voie générale ont établi une moyenne de 15,9 vœux, soit +0,2 par rapport à 2023,
  • En Terminale technologique, les candidats ont déposé 11,5 vœux en moyenne (-0,3 par rapport à 2023),
  • Enfin en classes professionnelles, ce sont 7,3 vœux en moyenne (-0,1).

Licence et BTS parmi les filières les plus demandées

Sur l’ensemble des lycées, toutes voies confondues, la hiérarchie des vœux reste identique à celle de 2023 :

  • La licence recueille plus d’un tiers des « suffrages » : 34,4 % des vœux, dont 4 % pour la LAS. C’est identique à 2023 ;
  • Le BTS avec 27 % des vœux est en léger recul (-0,7 points). Si seuls 8 % des lycéens de Terminale générale le choisissent, c’est le cas de 45 % des élèves de voie technologique (-2,3 points/2023) et de 72 % de l’enseignement professionnel.
  • Le BUT vient ensuite, en progression de 0,3. Plus précisément, il intéresse 10 % des candidats du Bac général, 21 % (+1,4) du Bac technologique, et 3 % seulement de ceux des lycées professionnels.
  • 6 % émettent au moins un vœu pour les Classes Préparatoires aux Grandes Écoles (CPGE), principalement chez les lycéens de Bac Général (10 %),
  • 6 % optent pour le DE sanitaire et social (10 % en Professionnel, 9 % en Technologie, 4 % en Général).
  • On notera pour finir que les élèves de Terminale générale sont quasiment les seuls à vouloir tenter le PASS (7 %), une école d’ingénieurs post-Bac (4 %) ou une école de commerce post-Bac (2 %).

Un palmarès des formations quasiment inchangé

Concernant le palmarès des formations spécifiques, l’ordre est le même qu’en 2023, à une exception près.

Classement 2024FormationNombre de voeux 2024Nombre de voeux 2023Classement 2023
1PASS776 668725 8641
2École d'ingénieurs post-Bac674 975645 0063
3DE infirmier653 832658 8932
4Licence de Droit334 183306 6134
5CPGE MPSI199 870196 4115
6BUT Technique de commercialisation197 863185 2556
7CPGE PCSI177 645163 2098
8BTS management commercial opérationnel170 514183 2587
9BUT Gestion des entreprises et des administrations166 975158 8059
10CPGE préparatoires aux écoles de commerce160 327143 42611
11BTS négociation et digitalisation de la relation client149 921145 10610

Des propositions d’admission qui laissent encore des élèves sans formation

Le 12 juillet 2024, soit à la fin de la phase d’admission principale, 580 000 lycéens avaient reçu une proposition de formation au moins, soit environ 90 % des candidats. Parmi les 68 000 restants, environ 24 000 avaient quitté la plateforme avant de recevoir une proposition d’admission. Reste donc 44 000 candidats qui sont passés par la phase complémentaire et sur laquelle il n’existe pas encore de retours, puisque celle-ci se clôt début septembre.

Ces chiffres sont très proches de ceux de 2023 et s’expliquent vraisemblablement par un mélange de situations très différentes : échec au Baccalauréat qui incite à retirer ses candidatures, formations trouvées pendant la phase complémentaire — le ministère de l’Éducation nationale affirme qu’il existait environ 100 000 places vacantes proposées pendant le phase complémentaire — ou jugées inintéressantes et déclinées…

Parcoursup, un système qui progresse vers la maturité

Tant dans les résultats, sinon parfaits, du moins témoins de l’efficacité et de la pertinence globale des algorithmes et du processus, que dans sa mise en œuvre, il est clair que Parcoursup s’est bien amélioré en six ans d’existence. On peut regretter les bugs et failles de ses débuts, qui ont touché au moins deux cohortes de bacheliers, mais ils peuvent être vus comme des défauts de jeunesse pour un système ayant à gérer des opérations très complexes et un grand nombre de données.

De plus, le fait qu’il soit aujourd’hui bien connu du personnel enseignant, permet aux professeurs d’aider leurs élèves : explications, alertes pour ne pas oublier de s’inscrire, aide éventuelle à l’élaboration du dossier, suggestions pour l’orientation…

Cette amélioration laisse cependant des questions en suspens. La principale est celle d’une opacité des algorithmes utilisés. Selon Catherine Moisan, inspectrice générale honoraire de l’éducation nationale et membre du comité éthique et scientifique de Parcoursup, la responsabilité en revient aux algorithmes locaux, que les formations mettent elles-mêmes au point. Il n’est pas encore très clair pour un candidat de bien comprendre quelle discipline dans son parcours est déterminante dans son admission. De plus, les critères de pondération sont mal connus. Ce qui fait plonger à l’aveugle une partie des lycéens pour sélectionner leurs vœux. Il est donc encore possible d’améliorer l’outil pour en faire la parfaite interface entre les choix des élèves pour leurs études supérieures et leur concrétisation la plus pertinente.

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